Je suis le carnet de Dora Maar

Mot de l’éditeur :

Il était resté glissé dans la poche intérieure du vieil étui en cuir acheté sur Internet. Un tout petit répertoire, comme ceux vendus avec les recharges annuelles des agendas, daté de 1951.

A : Aragon. B : Breton, Brassaï, Braque, Balthus… J’ai feuilleté avec sidération ces pages un peu jaunies. C : Cocteau, Chagall… E : Éluard… G : Giacometti… À chaque fois, leur numéro de téléphone, souvent une adresse. L : Lacan…

P : Ponge, Poulenc… Vingt pages où s’alignent les plus grands artistes de l’après-guerre. Qui pouvait bien connaître et frayer parmi ces génies du xxe siècle ?

Il m’a fallu trois mois pour savoir que j’avais en main le carnet de Dora Maar.

Il m’a fallu deux ans pour faire parler ce répertoire, comprendre la place de chacun dans sa vie et son carnet d’adresses, et approcher le mystère et les secrets de la « femme qui pleure ». Dora Maar, la grande photographe qui se donne à Picasso, puis, détruite par la passion, la peintre recluse qui s’abandonne à Dieu. Et dans son sillage, renaît un Paris où les amis s’appellent Balthus, Éluard, Leiris ou Noailles.

  B.B.

Biographie de l’auteur :

Brigitte Benkemoun est journaliste et écrivain. Elle est l’auteure de La Petite Fille sur la photo (Fayard, 2012) et d’Albert le Magnifique (Stock, 2016).

Dora Maar :

Dora Maar, Henriette Théodora Markovitch de son vrai nom, est née à Paris en 1907 d’un père croate, architecte, et d’une mère française, catholique fervente. Après une enfance austère passée à Buenos Aires, elle revient à vingt ans dans sa ville natale et s’y impose comme photographe surréaliste. Muse de Man Ray, compagne du cinéaste Louis Chavance puis de Georges Bataille, elle ne tarde pas à faire sien un cercle esthétique qui révolutionne le monde de l’art de l’entre-deux-guerres. Intellectuelle torturée, artiste à la conscience politique extrême, elle deviendra  » la femme qui pleure « , amante de Picasso livrée aux exigences du génie, que leur rupture rendra folle, cloîtrée dans un mysticisme solitaire jusqu’à sa mort, en 1997. Ses portraits peints par Picasso seront alors vendus aux enchères, et son héritage âprement disputé.

Notre avis :

Les dernières lignes de « Je suis le carnet de Dora Maar » dans la partie  remerciements de l’auteure sont : “Mais ce livre n’existe que parce que Thierry Demaizière a eu la bonne idée de perdre son agenda.”

Les impénétrables voies d’eBay et du destin ont en effet transporté et transmis, caché dans l’agenda à remplacer, un carnet d’adresses de 1951 chez notre auteure. Elle va découvrir qu’il s’agit de l’écriture de l’artiste Dora Maar. Nous partons alors à la rencontre, au fil des pages de cette quête, des contacts de celle qui fut l’une des maîtresses de Picasso et son égérie.

Un voyage dans l’histoire d’une femme qui, dans ses 90 ans de vie, est passée par tant de phases, de croyances, d’espoirs et, probablement à cause d’une propension à l’isolement après une trop forte exposition à la lumière, a bâti un monde qui l’a rendue malade et aigrie, je suis aussi perturbée que l’auteure à la découverte d’un penchant antisemite et de la possession de Mein Kampf par celle qui fut la photographe de Guernica.

Le livre est merveilleusement écrit, il a nécessité d’un très long travail de recherche et documentation.

L’œuvre de Brigitte Benkemoun est brillante et marquante.

“Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. ” dit l’auteure au tout début de cette aventure et effectivement le portrait « de la femme qui pleure » s’esquisse, prend forme se colore, s’épaissit.
Je suis admirative de ce reportage littéraire si intriguant. Chaque rencontre, chaque avancée dans la reconstruction des liens entre les noms du répertoire et Dora est un jeu de patience élégant et prenant.

Un cœur en plus que la note habituelle donc 6 cœurs pour ce splendide ouvrage à recommander !

❤️❤️❤️❤️❤️(❤️)

Stock

Brigitte Benkemoun
Le livre
Le livre
Extrait
Dora Maar Anonyme (à partir de 1944). Paris, musée Picasso. MP1998-147.
Leonor Fini photographié par Dora Maar
Dora Maar par Picasso
La femme qui pleure Picasso
Picasso devant Guernica photo de Dora Maar
Guernica
Jacqueline Lamba l’amie
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Pour marque-pages : Permaliens.

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