Brent Weeks : Des Ombres et des Couleurs!

Attention au piège. Comment ne pas se laisser tenter par la promotion sur ‘le Prisme noir’ de Brent Weeks chez Milady à 3 euros et quelque …

La quête des 3 autres tomes du “Porteur de Lumière” a été immédiate, maintenant devant  attendre la suite,  la saga précédente “L’Ange de la nuit” a aussi été porteuse de bonnes surprises.

Je vous suggère de commencer par cette dernière la plongée dans les univers de Weeks pour  passer de l’ombre aux lumières.

Les deux sagas sont basées sur le fil classique de l’apprentissage du héros et de son parcours vers les responsabilités qu’incombent ses pouvoirs, mais dans deux environnements très différents.

« L’Ange de la nuit » fera de notre héros un assassin idéal bien que moralement torturé par son métier : dur dur d’être un criminel quand on est «Loyal Bon » ! C’est un truc à y laisser sa peau, mais je vais pas vous dévoiler ici qu’il y a un loup derrière tout ça.

« le Porteur de Lumière » est peut-être l’inverse diamétralement opposé, ici la vie se compte en année lorsque l’on utilise ses pouvoirs, et ceux-ci sont basés sur les toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Il y a quelque chose qui n’est pas sans rappeler les différents corps des « Lanterns » de Dc-Comics.

Je suis surpris d’ailleurs que cela n’ait pas été fait auparavant, à ma connaissance.
Reprendre le thème des couleurs spécialisées dans les différents spectres de la magie donne un univers aussi cohérent que brillant.

Dans les 2 épopées, l’écriture de Brent Weeks est prenante, avec des personnages complexes et attachants, les histoires sont sujettes à de multiples rebondissements, ce qui invite à les relire pour voir si on pouvait deviner auparavant.

Pour ceux qui aiment le genre « Heroïque Fantaisie » Brent Weeks est rapidement devenu une valeur sûre qu’il faut absolument découvrir chez Milady – Bragelonne que je remercie.

❤️❤️❤️❤️

Milady – Bragelonne

 

Fragments de la consolation

Il était une fois Neil Armstrong, la première partie du récit est un résumé très poétique de la vie de l’astronaute qui a fait rêver toute une génération.
« Un Ulysse jamais revenu à Ithaque » belle définition donnée par l’auteur et qui se retrouve parfaitement dans les biographies et dans le film « First Man : Le Premier Homme sur la Lune », drame biographique dédié à Armstrong qui vient de sortir en France et sera encore plus intéressant à voir après la lecture de « Fragments de la consolation », ce petit livre de 114 pages intelligent et captivant est accompagné par les dessins de Juliette Lemontey qui sont parfaits pour les portraits en mots que l’œuvre de Stéphane Padovani illustre.
Notre astronaute se transforme en passeur pour conduire et supporter les âmes, ainsi commencent les fragments, les brèves histoires d’hommes et de femmes si différents et toutes et tous liés par les rêves, les envies les deceptions.
Ce roman me fait penser à Spoon River de
Edgar Lee Masters.
Une lecture agréable à conseiller.

Le Réalgar

❤️❤️❤️❤️

Merci à Babelio et à l’éditeur pour cette découverte !

Une nuit avec Jean Seberg

Marie Charrel brillante journaliste et auteure talentueuse nous a déjà conquis avec ses précédents livres.

Personnellement j’apprécie cette écrivaine pour sa plume mais aussi pour sa personnalité et ses convictions.

Ce nouveau roman était pour moi attendu.

« Une nuit avec Jean Seberg » va au-delà de toutes mes attentes, c’est une perle rare.

Une fiction certes mais tellement bien documentée et captivante que la plongée dans l’histoire est totale, impossible d’en émerger.

Elisabeth et les quatre générations de sa famille sont le portrait d’un siècle, le portrait « des possibles ».

Marie Charrel nous fait voyager dans le temps, les époques changent mais le lecteur n’est jamais perdu, tout a un sens, tout se tient.

Lisa est métisse: son arbre généalogique inclus des origines algériennes par sa mère et afro-américaines par son père.

Après les bouleversants événements du 8 février 1962 à Paris et la mort de son jeune ami Daniel ( Inspiré par Daniel Fay militant communiste mort à 16 ans lors de la dramatique manifestation qui est décrite dans le livre ) une rage immense commence a envahir la jeune fille.

J’ai pensé en lisant cette partie du livre à la chanson italienne de Francesco Guccini La locomotive : « …peut être une rage ancienne, générations sans nom qui crièrent vengeance et lui aveuglèrent le cœur, il oublia la bonté et égara sa pitié … ».

Notre Elisabeth vivra dans cet ouvrage beaucoup d’épreuves dans ses années de jeunesse quand la force de l’âge se confond avec les certitudes et sera troublée et changée par sa rencontre avec Jean Seberg en 1970.

Un corps plus fragile mais toujours une force d’esprit hors du commun, elle est prête, quand son petit-fils Alexandre disparaît, à replonger dans le passé pour réparer le présent.

Elle s’éveille comme Paris ( magistrale description du Paris nocturne et matinal page 108 du livre qui fait écho à la chanson « Paris s’éveille » de Jacques Dutronc ).

J’ai eu, jeune étudiante, la chance de rencontrer Ethel Kennedy, femme de Bob Kennedy qui venait parler d’une biographie dédié à RFK «  Le rêve brisé ». Elle nous a expliqué que très souvent images du passé et événements du présent lui semblaient se superposer tout comme pour Elisabeth qui rue Charonne ne peut que se revoir à 15 ans lors de sa première participation à une manifestation. Ethel a continué le combat de Robert contre la peine de mort et soutenu Barack Obama. 

Paul Beatty auteur afro-américain vainqueur du Man Booker Prize en 2016 écrit dans Moi contre les États-Unis d’Amérique : « C’est le problème avec l’histoire, on se plaît à penser que c’est un livre – qu’on peut tourner cette page qui nous hante et passer à autre chose. Mais l’histoire n’est pas le papier sur lesquel on l’imprime. L’histoire c’est la mémoire, le temps, les émotions, une chanson. L’histoire c’est ce qui te colle à la peau ».

Son amie Jean, la confidente de quelques nuits, colle à la peau d’Elisabeth et l’accompagnera tendrement tout au long de sa vie.

J. est engagée politiquement mais sa fragilité la conduira dans une inexorable descente aux enfers.

Romain Gary le plus connus de ses époux et figure essentielle dans sa vie ne la sauvera pas, beaucoup profiterons de la belle actrice.

L’humanité qui vit toujours dans la peur de l’autre dans la crainte de la différence est aussi un fil conducteur de ce récit : éradiquer la bêtise n’est pas chose simple.

Le final que la plume de Marie Charrel nous offre est sublime mais évidemment je vous laisse le découvrir.

Une note de l’auteure nous propose des idées d’approfondissement sur les sujets traités et cela peut être un moyen d’aller plus loin avec, comme le ferait Elisabeth, une pensée pour J.

« Une nuit avec Jean Seberg » sortira le 20 septembre et je vous le conseille vivement, c’est un énorme coup de cœur.

Les madeleines après cette lecture ne vous feront plus penser uniquement à Proust.

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Fleuve 

Merci à Marie Charrel pour cette belle dédicace et à l’éditeur Fleuve pour ce livre incroyable.

 

Hôtel Waldheim

La carte postale a été pour plusieurs générations le souvenir d’un lieu, d’une histoire, d’une œuvre d’art, et personnellement, même dans notre ère digitale, j’adore ces rectangles en carton.

Tout commence avec une vieille carte postale anonyme d’un Hôtel Suisse bien connu dans sa jeunesse par Jeff Valdera, le protagoniste du livre.

Un voyage vers le passé, un chemin dans la mémoire.
D’abord les certitudes puis la construction d’un puzzle qui ouvre, en se remplissant, la porte au doute.

Jeff Valdera a-t-il involontairement été un espion ? Qu’est-il arrivé au père de Frida ?.
« L’espionnage serait peut-être tolérable s’il pouvait être exercé par d’honnêtes gens » disait Montesquieu dans « De l’esprit des lois »
François Vallejo nous fait connaître au fil des pages la face cachée de chaque personage et nous cherchons de plus en plus à découvrir qui sont les « honnêtes gens » dans la partie d’echecs qui se joue à l’Hôtel Waldheim.
J’ai aimé ce roman tout à fait original et surprenant.
Mention spéciale pour Frau Finkel obsédée par Thomas Mann.

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Viviane Amy

Invasion

Invasion est un livre totalement disjoncté et amusant.

Il est bien question d’extra -terrestres mais nous sommes loin de la Guerre des mondes.

Les envahisseurs venus d’un monde parallèle sont, mutatis mutandis, plus proches des Tribules (petits animaux affectueux en forme de boule de poils) présents dans le mythique épisode de Star Treck série originale et repris aussi par Deep Space nine que des méchants Aliens de notre imaginaire. 

Luke Rhinehart utilise les Protéens venus sur terre pour construire une satire de la société américaine et plus en général de notre mode de vie. Nous pouvons trouver dans le dictionnaire de nos extraterrestres :

“Changement climatique : processus actuellement en cours mais dont nombre d’Américains nient l’existence, parce qu’ils estiment que seul Dieu peut contrôler la météo. Le reste des Américains, blasés, haussent les épaules”. Juste pour vous donner un exemple.

Pas d’ennuie en lisant ce livre, action et rebondissements sont au rendez-vous.

La famille Morton, les humains du “premier contact”, est enrôlée et se retrouve dans une multitude de situations bien compliquées pour aider les “machins intelligents” qui veulent s’amuser sur terre se révélant plus profonds et engagés que prévu.

Une lecture bien sympathique avec rire garanti.

Une belle histoire utile aussi pour réfléchir sur notre société.

Résumé de l’éditeur :

Des boules de poils intelligentes débarquent sur Terre. Venues d’un autre univers, elles n’ont d’autre but que de s’amuser. L’une d’entre elles, Louie, est adoptée par Billy Morton, un Américain moyen plein de bon sens. Quand les autorités décident de se saisir de ces bestioles, Billy et sa famille, échaudés par l’Amérique contemporaine où ils se sentent de moins en moins à l’aise, prennent la tangente : peut-être que, finalement, la sagesse n’est pas du côté du pouvoir politique, mais du côté de cette anarchie sympathique, de cette libération improbable que cette invasion apporte.

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Aux Forges de Vulcain

Merci à l’éditeur pour cet ouvrage.

Vivre ensemble

Vivre ensemble d’Emilie Frèche est une fresque des frasques d’une famille recomposée.

Les comportements décrits sont vécus, parfois au quotidien, dans beaucoup de foyers où cohabitent des histoires et des habitudes incompatibles. L’auteure exacerbe les situations et la véhémence des réactions de l’enfant de l’autre.

Le début du livre et le final sont un miroir et l’écriture de ce roman est captivante.

Une trame parallèle nous transporte à Calais et la réflexion sur les conditions de vie des migrants est bien présente car Pierre, le compagnon de Deborah, est avocat et travaille plusieurs jours par mois dans la « jungle ».

C’est un livre qui peut être dérangeant par sa violence.

C’est aussi une histoire des peurs qui nous bloquent et ne nous font pas avancer.

Les phobies de Salomon et ses actions effrayantes, la peur de son père d’intervenir durement suite à ses comportements dangereux, la peur de Déborah de blesser son compagnon en en disant ou faisant trop, les craintes du fils de Déborah qui essaye de faire face comme il peut.

Driss finira également par être effrayé par la situation de son ex femme et par sa relation avec Salomon, il aura aussi peur pour son fils Léo.

L’ex femme de Pierre est décrite comme insensible et capable d’harcèlement, encore des actions qui génèrent de l’angoisse.

Un livre à lire mais vu le final je ne veux vraiment pas connaître la suite.

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Stock

Rosa la rouge

Rosa la rouge est un roman graphique d’une rare intensité.

Tout est dû à son auteure Kate Evans, brillante «cartoonist» britannique qui a, par ailleurs, publié une bande dessinée sur Calais et les migrants pour le moment disponible uniquement en anglais chez Verso Books            (  https://www.cartoonkate.co.uk/threads-from-the-refugee-crisis/ ).

Mais revenons à Rosa la rouge, le format choisi par l’éditeur français est légèrement plus petit que le la version Uk mais reste bien lisible et permet de le transporter aisément car, j’en suis sure, cet objet littéraire non identifié vous allez l’aimer.

Il s’agit bien d’une biographie de Rosa Luxembourg qui retrace sa vie de femme, sa volonté de pouvoir s’exprimer et exister, la relation avec ses parents, les peurs et la rencontre avec l’histoire.

Les graphismes sont magnifiques et la BD est accompagnée d’une postface qui permettra de situer encore mieux Rosa Luxembourg et éventuellement choisir des livres en complément.

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Éditions Amsterdam 

Être Clown en 99 leçons


En cherchant de la lecture, un titre a frappé mon regard « Être Clown en 99 leçons » de Fabrice Hadjadj. Contrairement à ses semblables, ce livre venait providentiellement s’adresser à moi et semblait signifier « tu es prêt ». Un peu comme le dirait un manuel sur la puberté à un adolescent découvrant progressivement les nouvelles facultés de son corps. Mais ici il n’est pas question d’un changement corporel, mais d’acceptation d’une partie de notre identité. Celle qui est cause du dépit de notre regard introspectif, celle que l’on cherche désespérément à cacher sous la montagne du déni : notre « part risible et pitoyable » et qui fait rire au delà de tout savoir faire simplement par son être. Contrairement à ce que nous laisse penser le titre, ce n’est pas un code à suivre afin de devenir un clown ; c’est un guide entre notre conscience et notre identité cachée. Et il fera rire ! Comme il l’a fait pour moi ; ou pleurer… je ne sais plus… car telle est la réalité complexe de son objet, un pathétique rigolo. Si donc vous avez atteint l’état où votre désespoir enfoui appelle à l’aide pour savoir s’il a le droit d’être aidé et que vous avez sublimez vos crises existentielles en source de rire, ce livre est la prochaine étape de votre (dé)construction personnelle.

By B.

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La Bibliothèque

Tu t’appelais Maria Schneider

Une fois commencé ce livre vous ne pourrez plus le lâcher.

Tout y est décrit de manière sublime, l’auteure fait preuve de subtilité et grande délicatesse même dans les moments du récit « les plus durs » à raconter quand il faut parler de drogue, de descente aux enfers et de suicide.

La jeune cousine de Maria Schneider nous dévoile les jours de celle qui, après le célèbre film le Dernier Tango à Paris, a eu sa carrière et peut être sa vie bouleversée par le scandale que ce duo avec Marlon Brando a généré. 

L’histoire de Maria est le fil conducteur de l’ouvrage mais nous découvrons aussi la famille de l’actrice et plus dans le détail l’extraordinaire famille de Vanessa Schneider  ( Vanessa, joli prénom pour lequel, vous le découvrirez dans le livre, il a fallu lutter… ) 

La vie dans le HLM, la cité où tout se sait, cette grande cousine qui va et vient, un émouvant dossier rouge et la narration de l’évolution d’une famille qui voulait changer le monde.

Au fil des chapitres présent et passé s’alternent, l’histoire de Maria, ses rencontres et sa fin, celles et ceux qui sont restés et ceux qui ont de manière posthume ébauché des excuses bien trop tardives.

La une de libération en 2011 qui montre une photo tirée du film de Bertolucci, quelle déception.

Le dessin peut être trop vite abandonné par la jeune actrice quelle tristesse.

Ce voyage dans les époques est le roman d’une famille.

Madame Schneider, Vanessa, oui ce livre il fallait l’écrire et vous avez su trouver le ton juste pour le faire.

Sortie le 16 août !

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Grasset et Fresquelle