« Les histoires que je lis sont celles de femmes accusées d’avoir passé un pacte avec le diable parce qu’un veau est tombé malade. Les histoires que je lis sont celles de femmes qui soignent alors qu’elles n’ont pas le droit d’exercer la médecine, celles de femmes soupçonnées de faire tomber la grêle ou de recracher une hostie à la sortie de la messe. Et moi, je revois le cartable que m’a acheté ma mère pour la rentrée de sixième, un beau cartable en cuir, alors que j’aurais voulu l’un de ces sacs en toile que les autres gosses portent sur une seule épaule, avec une désinvolture dont il me semble déjà que je ne serai jamais capable. Je revois mon père tenant ma mère par la taille un soir d’été, je le revois nous dire, à mon frère et à moi, ce soir, c’est le quatorze juillet, ça vous dirait d’aller voir le feu d’artifice ? Cette contraction du temps qui se met à résonner, cet afflux de souvenirs que j’avais d’abord pris pour un phénomène passager, non seulement ne s’arrête pas, mais est en train de s’amplifier. »
En trois siècles, en Europe, plusieurs dizaines de milliers de femmes ont été accusées, emprisonnées ou exécutées. C’est l’empreinte psychique des chasses aux sorcières, et avec elle, celle des secrets de famille, que l’auteure explore dans ce roman envoûtant sur la transmission et nos souvenirs impensables, magiques, enfouis.
« Roman-enquête dans l’histoire et l’imagerie de la sorcellerie, récit intime d’une adolescence douloureuse. Le complexe de la sorcière se révèle d’une grande finesse. » Transfuge
« Ce livre est foisonnant et passionnant. Je mets au défi chaque lectrice et lecteur de ne pas être profondément bouleversé par ce texte. » Psychologies Magazine
Biographie de l’auteur :
Isabelle Sorente a publié plusieurs romans remarqués dont 180 jours et La Faille, qui ont reçu un très bel accueil du public. Elle tient une chronique sur France Inter et dans Philosophie Magazine.
Notre avis :
« Tremate, tremate, le streghe son tornate » (« tremblez, tremblez, les sorcières sont de retour »)… Dans les années 70, les féministes italiennes s’étaient emparées de la figure de la sorcière pour créer un symbole subversif de la révolte des femmes.
L’essai de Mona Chollet « Sorcières La puissance invaincue des femmes » (La Découverte 2018) a eu le succès mérité et je vous conseille de le lire avant ou après le livre d’Isabelle Sorente.
Le Complexe de la Sorcière est un roman mais aussi une quête et une enquête à la recherche de la sorcière chassée, persécutée, tuée et de l’impact de ce phénomène sur les générations qui ont suivi.
Le point de départ est la vision d’une sorcière devant ses juges, la protagoniste commence des recherches historiques et à accumule les ouvrages sur la question.
Une introspection profonde commence en parallèle, l’histoire d’une femme, d’une famille, d’un groupe d’amies se dessine, une analysée juste pour mieux comprendre les secrets et tabous qui brident les femmes.
Un roman qui alterne l’universel et le particulier, qui nous parle des inquisiteurs du passé et des bûchers mais également des inquisiteurs modernes et de l’harcèlement qui brûle de l’intérieur.
Un tour de force épique et magistral. Un monde divisé. Un reinaume sans héritière. Un ancien ennemi s’éveille.
La maison Berethnet règne sur l’Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d’elle…
Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages. Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l’usage d’une magie interdite s’impose pour cela.
De l’autre côté de l’Abysse, Tané s’est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence.
Pendant que l’Est et l’Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s’éveillent d’un long sommeil… Bientôt, l’humanité devra s’unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.
Biographie de l’auteur :
Samantha Shannon est une auteure figurant sur les listes best-sellers du New York Times et du Sunday Times. En 2013, elle a publié The Bone Season, premier tome d’une série qui en comptera sept. Le deuxième, The Mime Order, est paru en 2015, et le troisième, The Song Rising, en 2017. Cette série est un best-seller international, traduit dans vingt-six langues et aura le droit à une version française publiée par De Saxus en 2020. Une série TV est également en cours de développement. Le Prieuré de l’Oranger est son quatrième roman et s’impose déjà comme une référence fantasy. Les critiques placent Samantha Shannon dans la même catégorie que Tolkien, Robin Hobb et George R.R. Martin.
Notre avis :
Voila un pavé qui comblera celles et ceux qui sont orphelins depuis la fin de Game of Thrones.
Samantha Shannon (et ses éditeurs) ont fait le pari de publier en un seul volume une épopée qui aurait été découpé en plusieurs tomes chez d’autres, et je les en remercie. Attendre la publication de sa came est assez irritant lorsque l’on veut savoir ce qui se passe après, ici c’est un récit complet de 800 pages, pour moins de 30€ ! Tout est là : des dragons, fantasy oblige ; des femmes puissantes ; de la Magie, réprouvée ; des intrigues de cour et des cultures très bien décrites dont les fondements opposés devront être surmontés pour combattre l’ancien ennemi. Le style est agréable, les enchevêtrements des destinées bien menées, l’alchimie fonctionne bien pour que ce livre rejoigne les incontournables des amateurs du genre. Un roman féministe, ouvert et moderne!
Le jeune Taram est un apprenti porcher qui rêve d’aventures et de combats à l’épée. Pour sauver son pays menacé par la contrée voisine d’Annuvin, le Pays de la Mort, Taram devra affronter l’abominable Arawn et son seigneur de guerre, le Roi Cornu, monstre sanguinaire au masque à ramures de cerf. Pour l’épauler dans cette tâche, il s’entoure de compagnons inattendus : Eilonwy, la jeune princesse au caractère bien trempé ; Fflewddur, l’ancien roi devenu barde errant ; Doli, le nain revêche qui s’échine à devenir invisible ; et une créature étrange et sympathique du nom de Gurgi. Sans oublier Gwydion, le grand prince et héros de guerre. Avec leur aide, Taram partira à la recherche de Hen Wren, le cochon blanc dont les prophéties pourraient être le seul espoir de sauver Prydain, et qu’Arawn rêve lui aussi d’attraper. Il affrontera l’enchanteresse Achren, aussi belle que maléfique, rencontrera un peuple minuscule vivant sous terre, et devra mener ses compagnons à bon port avant les troupes de l’ignoble Seigneur de la Mort.
Biographie de l’auteur :
Né en 1924, Lloyd Alexander est l’un de ces auteurs américains aux vies multiples : employé de banque, membre de l’armée américaine, combattant durant la Seconde Guerre mondiale, étudiant, traducteur, dessinateur de bandes dessinées, écrivain publicitaire, maquettiste, éditeur de magazines… Entre 1964 et 1968, il écrit sa célèbre pentalogie, Les Chroniques de Prydain, inspirée de sa rencontre avec le pays de Galles, qui lui vaut des prix importants. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages pour la jeunesse. Alexander n’aura de cesse de développer, à travers ses mondes enchantés, les thèmes de l’injustice et de la liberté
Notre avis :
Pourquoi ce récit n’est pas plus populaire en France, je ne sais pas. Nous y retrouvons des héros et héroïnes bien façonnés, une prose riche et une quête passionnante. Je suis ravie que ce titre soit de nouveau disponible en Français, après une longue absence des rayons de nos librairies.
Le Livre des Trois fait partie d’un cycle de romans publiés entre 1964 et 1968 ainsi que d’un recueil de nouvelles publié en 1973.
Tout au long de la série, nous suivons les aventures de Taram, qui est entouré d’un casting coloré de personnages, certains sont basés sur la mythologie galloise, d’autres sont des créations spécifiques de Lloyd Alexander pour son univers, toutes et tous forment une compagnie qui va faire face à de nombreuses épreuves et à un danger constant, Ils voyagent dans un monde magique.
L’histoire a un rythme rapide. Vous ne pourrez pas poser ce livre jusqu’à sa conclusion. Un classique dans les monde Anglo-saxon qui a remporté un grand nombre de prix prestigieux lors de son lancement.
Hautement recommandé pour les amateurs de Fantasy, grands et petits…
Je pense que tout le monde peut trouver quelque chose de fascinant et agréable dans la lecture de ce premier tome de la saga.
La suite toujours chez les Editions Anne Carrière en février 2020.
Londres, 2050. La crise socio-économique des dernières décennies n’est plus qu’un souvenir. Le consumérisme triomphant a sauvé le monde. La propriété foncière hors des grandes villes est réservée à une petite élite. Le reste de la population doit dépenser pour conserver un droit de résidence. Le vieillissement a été aboli grâce à une nouvelle approche radicale, la retraite ayant été remplacée par un programme d’euthanasie joyeuse et volontaire dans les Dignitoriums.
Quand l’architecte Philip disparaît, sa femme, Alice, met en péril sa maison et son statut pour comprendre ce qui lui est arrivé. Enquêter, c’est prendre le risque de questionner la société et les valeurs dans lesquelles elle a été élevée. Elle découvre rapidement la vérité sordide sur le destin de sa propre famille, ainsi que les mensonges qui ont servi de piliers à la construction de ce nouveau monde parfait.
Biographie de l’auteur :
Tünde Farrand a grandi à Debrecen, ville hongroise bourdonnante de culture et haut lieu de la littérature hongroise.
Elle a vécu, étudié et travaillé dans plusieurs pays avant de s’installer au Royaume-Uni en 2005, où elle a continué à travailler comme spécialiste des langues et professeur de langues vivantes. Elle a obtenu une maîtrise en écriture créative de l’Université Sheffield Hallam en 2016.
Lorsqu’elle n’écrit pas, elle aime le cinéma international, le badminton et l’haltérophilie. Elle vit avec son mari à Sheffield.
Notre avis :
Gros coup de cœur pour ce livre de Tünde Farrand, le récit se déroule en 2050 dans un futur proche, l’intrigue est glaçante et plausible.
Le monde parfait n’existe pas et la manipulation des masses nous connaissons, mais ce texte nous transporte dans une réalité où “Homo homini lupus” bonne vielle locution latine prend tout son sens.
L’histoire est racontée du point de vue d’Alice, une institutrice mariée à un architecte, Philip. Le lendemain de Noël, il est porté disparu, présumé mort dans une explosion dans un complexe commercial. Affolée par sa perte, Alice a du mal à faire face, surtout quand elle se rend compte que leurs économies sont presque épuisées.
Les chapitres se déplacent dans le temps pour offrir des aperçus de l’enfance d’Alice et de la rencontre avec Philip.
Alice va s’apercevoir que le Pays des Merveilles auquel elle voulait croire est bien pire que tout ce qu’elle pouvait imaginer.
Une lecture captivante qui provoque une immersion totale.
Ce livre n’est pas seulement un thriller dystopique, c’est aussi un roman qui soulève des questions d’élitisme, de conditionnement social, d’âgisme et de diabolisation des faibles et des vulnérables de la société.
Une inquiétante étude sur la nature humaine par une auteure que je suivrai.
La découverte d’un énorme T.rex parfaitement conservé est une excellente surprise pour le comté d’Absaroka. En revanche, la découverte du corps du rancher cheyenne Danny Lone Elk, propriétaire des terres où git le dinosaure, est une sacrée mauvaise nouvelle pour le shérif du coin, Walt Longmire. D’autant que les ossements du monstre préféré d’Hollywood sont estimés à des millions de dollars, ce qui crée bien des complications juridiques. Lorsque le FBI s’en mêle, Walt a peu de temps pour découvrir à qui profite la mort de Danny. Il fait donc appel à ses fidèles amis, le vieux shérif Lucian Connally et l’infatigable Indien Henry Standing Bear, et se lance dans une poursuite périlleuse et imprévisible.
Biographie de l’auteur ;
Craig Johnson a exercé des métiers aussi divers que policier, professeur d’université, cow-boy, charpentier et pêcheur professionnel avant de s’installer définitivement dans l’Ouest, sur les contreforts des Bighorn Mountains, dans le Wyoming. Il est l’auteur de la série Walt Longmire qui fait l’objet d’une adaptation télévisée et remporte un énorme succès aux Etats-Unis.
Notre avis :
Dry Bones de Craig Johnson marque le retour du shérif Walt Longmire et de son équipe.
Le chien de Jennifer Watt est responsable de « l’une des plus grandes découvertes paléontologiques des temps modernes ». Nommé en l’honneur de Watt, « Jen », le plus grand et le plus complet des Tyrannosaurus rex jamais trouvé, a été découvert dans le comté d’Absaroka, dans le Wyoming, causant toutes sortes de problèmes à Longmire. Le musée des dinosaures des Hautes Plaines semble avoir découvert un trésor, jusqu’à ce que Danny Lone Elk, le Cheyenne propriétaire du terrain où Jen a été découvert, soit retrouvé mort et qu’il n’y ait aucune preuve de son accord avec le musée. Au lieu de cela, sa famille, la tribu et le ministère de la Justice revendiquent tous Jen. Et, le FBI enquête sur la collecte illégale de fossiles et la vente de biens de l’État. Walt n’a vraiment aucune patience avec le procureur adjoint qui a soif de publicité. Longmire doit enquêter sur un meurtre et il aimerait faire quelques progrès avant que sa fille, Cady, n’arrive de Philadelphie avec sa petite-fille de cinq mois, Lola. Mais la famille de Danny est peu coopérative, alors que l’attention des médias sur Jen continue de grandir. Longmire se tourne vers de vieux amis, pour l’aider à effectuer une recherche massive et efficace dans le comté. Le shérif a besoin de réponses concernant le meurtre de Danny Lone Elk, d’une vérité qui, espérons-le, pourrait aider à « sauver Jen ».
Comme toujours, l’écriture de Johnson est agréable.
L’humour accompagne les aspects sérieux du travail de Longmire.
C’est une histoire d’amour et de vengeance, de loyauté et d’avidité. Et c’est encore une excursion scintillante dans le comté d’Absaroka avec notre shérif.
Les personnages sont très bien développés, décrits avec soin, à commencer par le protagoniste.
Le destin exceptionnel de Marguerite Steinheil, intrigante maîtresse de Félix Faure, ni coupable ni victime. Cataloguée « putain de la République », accusée de meurtre, traînée dans la boue, le traitement de Madame S. par la justice puis par l’histoire en dit long sur notre rapport à la sexualité, au pouvoir et à la liberté des femmes.
L’anecdote est célèbre : alors que le président Félix Faure agonise, sa » connaissance » s’est sauvée par l’escalier de service. Cette mort en épectase va changer le cours de l’affaire Dreyfus et bouleverser le destin de celle que l’on surnomme depuis la » pompe funèbre « …
Intriguée par cette » putain de la République « , une journaliste recluse décide d’enquêter sur cette si mystérieuse Madame S. et sur les secrets d’un État français toujours aux prises avec les mêmes démons : antisémitisme, antiféminisme, petits arrangements entre amis et journaux avides de scandales.
Sylvie Lausberg livre un passionnant thriller historique sur les traces volontairement effacées de Marguerite Japy-Steinheil, personnalité troublante qui sauvera sa tête grâce à un art virtuose du mensonge, un charme dévastateur et une profonde intelligence politique, restés ensevelis sous des torrents d’injures misogynes qui en disent long sur notre rapport au sexe, au pouvoir et aux femmes qui en jouent.
Biographie de l’auteur :
Sylvie Lausberg est historienne, diplômée de l’Université Libre (laïque) de Bruxelles et psychanalyste (Le Questionnement psychanalytique, www.questionnement.be), je dirige à Bruxelles le département Etude & Stratégie du Centre d’Action Laïque.
Pendant (1987-2002) et après ma carrière de journaliste dans la presse écrite et à la Radio-Télévision belge, j’ai publié de nombreux essais, articles et ouvrages sur notre rapport à l’autre, les femmes dans l’histoire, le sexisme, le féminisme, mais également sur l’antisémitisme.
Entre 2007 et 2012, j’ai conçu des expositions internationales, ainsi que leurs catalogues, sur les relations entre juifs et musulmans au Maroc et ensuite sur les relations entre le Maroc et l’Europe.
J’ai aussi réalisé deux moyen métrage à destination du grand public ; le premier sur l’histoire du droit à l’avortement en Belgique, le second sur la déportation des Juifs de Belgique et la rafle du 3 septembre 1942 à Bruxelles.
Impliquée dans la transmission d’un savoir scientifique au plus grand nombre, je participe régulièrement à des émissions de radio ou de télévision sur les sujets qui me tiennent à coeur. Ces enregistrements sont également disponibles sur le site.
Sur le plan institutionnel, je suis vice-présidente du Conseil des Femmes Francophones de Belgique (CFFB) et Présidente de la Commission « Ethique »
Membre du Conseil fédéral de l’Égalité des chances entre les Femmes et les Hommes depuis 2009 (cf. dernière nomination par A.R. du 27 novembre 2012)
Chargée de séminaire à l’Ecole de Santé Publique (ULB) – Formation continue « Élucidation de la pratique psychanalytique » à destination des psychologues actifs dans les centres de santé mentale, centres de planning, etc.
Conférencière invitée à l’UCL en Master en Psychologie, depuis l’année académique 2012-2013, sur l’accès à l’IVG en Belgique et sur les inégalités entre hommes et femmes en Belgique.
Notre avis :
Une journaliste entre deux affectations loue la maison de Séverine, à Pierrefonds, résidence qu’elle avait baptisée « Les Trois marches » en souvenir de l’hôtel de Rennes, où elle demeurait pendant le procès en révision de Dreyfus en 1899. Le lieu de vie de Séverine, journaliste et féministe, unique femme présente au procès de Madame S. pour le meurtre de sa mère et de son époux Adolphe, inspirera notre narratrice dans ses recherches sur Marguerite Steinheil maîtresse de Félix Faure, le Président décédé le 16 février 1899, dans ses bras, ou, pour être plus précis, dans son lit.
« Il voulait être César, il a fini Pompée » se serait moqué Clémenceau. L’histoire de cette mort et celle de la vie de cette femme complexe apparaît, au fil des pages de la passionnante reconstruction de Sylvie Lausberg comme un peu plus intriquée.
Le livre est passionnant, le lecteur est transporté dans les conspirations des salons parisiens à une époque d’obscurs complots et de changement profonds.
L’affaire Dreyfus est une pièce importante dans cette œuvre, tout comme l’a été dans la réalité politique dominant les chroniques et divisant les français.
Grâce à un travail de recherches historiques rigoureux et étendu, Sylvie Lausberg propose des hypothèses et trouve des éléments qui donnent vie à Mme S. et à l’incroyable “roman de sa vie », le talent de l’autrice est remarquable quand il s’agit de ciseler la psychologie des personnages qui ont pris part aux intrigues qui nous sont révélées.
Le 29 juillet 2010, à Zurich, Michèle Causse, théoricienne féministe et traductrice, a choisi de dénaître en mourant par suicide assisté le jour de son anniversaire. Se pourrait-il qu’existe un lien entre sa mort et celle du personnage du livre Bartleby le scribe qu’elle avait traduit en français ? Telle est la question qui travaille le narrateur, un étudiant en théologie qui commence à bien connaître les Evangiles, où il a lu cette phrase : Cherchez et vous trouverez.
Biographie de l’auteur :
Julien Battesti est né en 1985 à Ajaccio. L’imitation de Bartleby est son premier livre.
Notre avis :
Le titre de ce premier roman de Julien Battesti, L’imitation de Bartleby, fait référence au célèbre manuscrit l’Imitation de Jesus-Christ et au marquant personnage de Melville, nous allons, après avoir fait connaissance avec le narrateur, rapidement en comprendre les raisons.
Celui qui nous accompagnera dans la traversée des pages de cet étonnant livre est un étudiant en théologie bloqué dans son appartement à cause d’un problème au dos survenu soudainement mais long à soigner.
Tout s’amplifie dans cette nouvelle vie de tortue sur le dos et la recherche d’un livre évoqué par une amie, le conduira, les voies de Google étant infinies, sur une toute autre piste : une vidéo de Michèle Causse, traductrice, ( entre autres de Primo Levi et de Herman Melville ) écrivaine, lesbienne et militante féministe. Elle avait choisi de mourir, le jour de son anniversaire, assistée par l’association Suisse Dignitas, à l’âge de 74 ans. Le film en streaming qui montre les derniers instants de Causse sera le point de départ, pour le jeune théologien, d’un voyage dans l’œuvre de Melville, Bartleby le scribe, et une incursion dans la vie de l’iconoclaste Michèle Causse. À la recherche de la relation possible entre le commis aux écritures de Wall Street et le choix de decider le moment de sa mort opéré par Michèle Causse.
La traductrice ne trouvait plus « The meaning of life » tout en étant en bonne santé.
Bartleby était, selon l’auteur, un Moise qui a perdu confiance en la vie, seul et mis à l’écart par la société.
Après les recherches et l’affirmation de sa vision, le protagoniste terminera son exploration à Zurich où il se rendait pour visiter l’association Dignitas.
Des sujets sensibles évoqués avec un language riche et un regard délicat.
La reine d’Angleterre, quatre-vingt-dix ans, s’est endormie dans sa chambre de Buckingham Palace, entourée de ses corgis – en peluche. Elle s’éveille en sursaut. Assis sur son lit, un homme. Qui est-il ? Que lui veut-il ? S’instaure un dialogue entre deux êtres que tout sépare. Le temps d’une nuit, la reine dépose sa couronne et délie sa parole. « Nous sommes tous des prisonniers », réplique-t-elle à cet homme entravé. Sommes-nous libres ? Vivons-nous enchaînés à notre destin ? Un dialogue à bâtons rompus entre émotion et fantaisie, souvent surréaliste, so british. Cette nuit magique, inspirée d’un fait réel, est une parenthèse rêvée et folle, une invitation à vivre pleinement sa vie.
Biographie de l’auteur :
David Lelait-Helo est l’auteur de nombreuses biographies, de recueils de sagesse et de cinq romans aux éditions Anne Carrière. En 2018, il a publié avec Line Renaud, aux éditions La Martinière, Line Renaud, mes années Las Vegas.
Notre avis :
Très joli livre de David Lelait-Helo, Un oiseau de nuit à Buckingham se lit avec bonheur.
Paul Scarborough le 24 décembre 2016 décide, choqué par le vote sur le Brexit, ( et oui plus que jamais actuel comme sujet … ) de rencontrer Elisabeth II.
L’inspiration pour ce roman est liée à Michael Fagan qui en 1982 s’était introduit dans la chambre de la reine d’Angleterre.
Notre personnage se retrouvera propulsé dans un échange nocturne divertissant et imaginatif avec sa majesté.
Nous retrouvons les talents de biographe de l’auteur qui décrit très bien la vie de la reine. Il propose aux lecteurs des informations et des anecdotes sur le long règne de Lilibeth.
Un monarque constitutionnel, censé représenter tous ses sujets, se doit d’être aussi « super partes » que discret.
Une personne, comme notre « oiseau de nuit » qui subit son existence est réduite au silence par ses choix.
Ce roman est une invitation à reprendre en main son destin, même si les situations désagréables se succèdent, et à sortir des cages de tous les types.
Tchernobyl, 1986. Lena et Ivan sont deux adolescents qui s’aiment. Ils vivent dans un pays merveilleux, entre une modernité triomphante et une nature bienveillante. C’est alors qu’un incendie, dans la centrale nucléaire, bouleverse leur destin. Les deux amoureux sont sépares. Lena part avec sa famille en France, convaincue qu’Ivan est mort. Ivan, de son côté, ne peut s’éloigner de la zone, de sa terre qui, même sacrifiée, reste le pays de ses ancêtres. Il attend le retour de sa bien-aimée. Lena grandit dans un pays qui n’est pas le sien. Elle s’efforce d’oublier. Un jour, tout ce qui est enfoui remonte, revient, et elle part retrouver ce qu’elle a quitté vingt ans plus tôt.
Biographie de l’auteur :
Alexandra Koszelyk est née en 1976. Elle enseigne, en collège, le français, le latin et le grec ancien.
Notre avis :
Alexandra Koszelyk nous plonge, avec son splendide roman dans la mémoire collective d’une des plus grandes catastrophes de la fin du XX siècle, l’explosion du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
La tragédie est vue avec les yeux de Léna et d’Ivan qui ont 13 ans au moment de l’incendie, ils sont depuis leur enfance des êtres inséparables et l’éloignement imprévisible et soudain provoque une souffrance extraordinaire à la hauteur de leur lien exceptionnel.
Elle part vivre en France, lui reste et tente comme la nature de se reconstruire pas après pas en espérant revoir un jour son amour.
Léna, convaincue de la mort d’Ivan, tente de refaire sa vie en Normandie et à Paris, comme ses parents lui demandent. Elle a besoin des livres, de la littérature, de l’histoire et des mythes, c’est un bonheur de suivre les citations et les choix avisés de l’autrice pour accompagner la jeune fille et la jeune femme dans son évolution.
Les coquelicots de la belle couverture de cet ouvrage se retrouvent aussi dans le récit, j’espère que vous aimerez ce beau symbole et les autres qui parsèment le roman et que l’autrice utilise avec subtilité.
Le cycle de la vie continue et 20 ans après la tragédie Léna retrouvera sa ville natale, Pripiat, aujourd’hui destination touristique qui rappelle quelques part Pompei.
Elle retrouve aussi son Ivan et le chemin interrompu peut recommencer.
En juin 2019 la série Chernobyl a allumé, ( tout comme le nouveau sarcophage du réacteur 4 terminé en 2018 ) les projecteurs sur une page d’histoire de l’Ukraine, de l’ancienne URSS et de l’humanité.
Chernobyl est devenue la série la mieux notée de l’histoire de la fiction pour la télé. Elle transporte le spectateur au cœur de l’accident avec un réalisme impressionnant et des questionnements sur les agissements des autorités de l’époque que nous retrouverons aussi dans le livre.
Émouvant et fort, le texte d’Alexandra Koszelyk est de ceux que nous avons envie de relire pour saisir un détail qui nous aurait échappé et pour retrouver les passages captivants et bouleversants qui nous ont transportés au fil des pages.
Un livre à lire, à savourer et à méditer !
❤️❤️❤️❤️❤️(❤️)
Aux Forges de Vulcain
Merci à l’éditeur pour cette belle lecture
POÈME À CRIER DANS LES RUINES, PAR LOUIS ARAGON.
Tous deux crachons tous deux
Sur ce que nous avons aimé
Sur ce que nous avons aimé tous deux
Si tu veux car ceci tous deux
Est bien un air de valse et j’imagine
Ce qui passe entre nous de sombre et d’inégalable
Comme un dialogue de miroirs abandonnés
A la consigne quelque part Foligno peut-être
Ou l’Auvergne la Bourboule
Certains noms sont chargés d’un tonnerre lointain
Veux-tu crachons tous deux sur ces pays immenses
Où se promènent de petites automobiles de louage
Veux-tu car il faut que quelque chose encore
Quelque chose
Nous réunisse veux-tu crachons
Tous deux c’est une valse
Une espèce de sanglot commode
Crachons crachons de petites automobiles
Crachons c’est la consigne
Une valse de miroirs
Un dialogue nulle part
Écoute ces pays immenses où le vent
Pleure sur ce que nous avons aimé
L’un d’eux est un cheval qui s’accoude à la terre
L’autre un mort agitant un linge l’autre
La trace de tes pas Je me souviens d’un village désert
A l’épaule d’une montagne brûlée
Je me souviens de ton épaule
Je me souviens de ton coude
Je me souviens de ton linge
Je me souviens de tes pas
Je me souviens d’une ville où il n’y a pas de cheval
Je me souviens de ton regard qui a brûlé
Mon cœur désert un mort Mazeppa qu’un cheval
Emporte devant moi comme ce jour dans la montagne
L’ivresse précipitait ma course à travers les chênes martyrs
Qui saignaient prophétiquement tandis
Que le jour faiblissait sur des camions bleus
Je me souviens de tant de choses
De tant de soirs
De tant de chambres
De tant de marches
De tant de colères
De tant de haltes dans des lieux nuls
Où s’éveillait pourtant l’esprit du mystère pareil
Au cri d’un enfant aveugle dans une gare-frontière
Je me souviens
Je parle donc au passé Que l’on rie
Si le cœur vous en dit du son de mes paroles
Aima Fut Vint Caressa
Attendit Épia les escaliers qui craquèrent
0 violences violences je suis un homme hanté
Attendit attendit puits profonds
J’ai cru mourir d’attendre
Le silence taillait des crayons dans la rue
Ce taxi qui toussait s’en va crever ailleurs
Attendit attendit les voix étouffées
Devant la porte le langage des portes
Hoquet des maisons attendit
Les objets familiers prenaient à tour de rôle
Attendit l’aspect fantomatique Attendit
Des forçats évadés Attendit
Attendit Nom de Dieu
D’un bagne de lueurs et soudain
Non Stupide Non
Idiot
La chaussure a foulé la laine du tapis
Je rentre à peine
Aima aima aima mais tu ne peux pas savoir combien
Aima c’est au passé
Aima aima aima aima aima
0 violences
Ils en ont de bonnes ceux
Qui parlent de l’amour comme d’une histoire de cousine
Ah merde pour tout ce faux-semblant
Sais-tu quand cela devient vraiment une histoire
L’amour
Sais-tu
Quand toute respiration tourne à la tragédie
Quand les couleurs du jour sont ce que les fait un rire
« Au moment où j’entre Place Beauvau, je ne sais pas à quel point je resterai marqué, à tout jamais, par la succession des tragédies qui viendront endeuiller le pays, en donnant au ministère de l’État, sa dimension de citadelle profondément humaine.
Dans mes pensées, le pressentiment des heures sombres à venir a laissé place, peu à peu, aux certitudes. La question n’est plus de savoir si les éléments se déchaîneront, ou si par miracle nous serons épargnés, mais bien de deviner quand le tonnerre grondera, après que la foudre se sera abattue sur nous. »
B. C.
Confronté au quotidien à toutes les violences – terroriste, verbale, psychologique –, Bernard Cazeneuve a dû tenir le cap et rassurer les Français. Mais, du drame de Sirvens avec la mort de Remi Fraisse aux attentats qui ont endeuillé la France, en passant par les soubresauts de la crise migratoire et les nécessaires réformes à mener, notamment celle du renseignement intérieur, celui qui restera comme un très grand ministre de l’Intérieur ne nous cache rien des moments d’anxiété et de solitude qu’il a dû aussi affronter.
Ce témoignage passionnant et profondément sincère sur la vie et l’action d’un ministre de l’Intérieur – quand, à chaque minute, il faut faire face à des situations politiques et humaines inédites – est aussi un récit tendu, très finement écrit, qui se lit d’une traite.
Biographie de l’auteur :
Longtemps député-maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve a été ministre de l’Intérieur d’avril 2014 à décembre 2016. Sur son passage comme Premier ministre à Matignon il a écrit Chaque jour compte, paru chez Stock en octobre 2017.
Notre avis :
A l’épreuve de la violence, tome où Bertrand Cazeneuve revient sur ses années de Ministre de l’Intérieur Place Beauvau d’avril 2014 à décembre 2015 est le premier de deux volumes.
Le deuxième volet est en cours d’écriture.
Un récit très personnel, posé et respectueux même quand il s’autorise quelques piques dirigées vers ses amis politiques ou ses adversaires.
La bienveillance n’empêche pas la raison : pour Cazeneuve la piste de la déchéance de nationalité après les attentats de novembre 2015 a été «une erreur funeste dont le coût moral et politique fut élevé»
Une lecture qui trace la vision de l’ancien ministre sur les événements et les émotions personnelles qui accompagnent sa difficile fonction. Cet ouvrage nous permet de mieux saisir l’organisation interne de la Place Beauvau avec ses codes et ses règles mais en plus des aspects politiques qu’il décrypte, c’est un texte profondément humain, une intéressante introspection. Ce retour vers une époque encore très proche est agréable à lire.