Écrits fantômes, lettres de suicides (1700-1948)/Vincent Platini/Éditions Verticales 

Lecture certainement insolite: Vincent Platini, chercheur et enseignant, propose un recueil de lettres de suicide. Pour chaque lettre notre imagination est stimulée par le contexte, le type de lettre et les suites données à l’acte.

Cette anthologie contient de courts mots et des missives plus longues, pour expliquer, pour s’expliquer. Les lettres couvrent une large période historique, certaines précédents la dépénalisation du suicide en 1791 et nous découvrons aussi une partie du procès au suicidé et son éventuelle condamnation.

On faisait bien des procès aux cochons donc pas de surprises pour les suicidés.

Dante les relègue dans le deuxième giron du septième cercle où sont punis les violents envers eux-mêmes. 

Dans la forêt des suicidés:

« Nul vert feuillage, mais de couleur obscure, nul rameau droit, mais noueux et tordu, nul fruit n’avait, mais pointes à venin ».

Enfer, chant XIII, 4-6

La forêt est illustrée par, parmi d’autres, Botticelli, William Blake, Salvador Dali.

Le suicide, tabou moral est traité comme une action tout aussi exécrable que le meurtre. Il s’agit d’un meurtre sur soi.

Nous découvrons dans ce livre, une mine d’informations, accompagnées par les analyses de Platini des documents d’époque, comme un « Album de suicides de M. Revers » un cahier d’un médecin carcéral, qui décrit plusieurs suicides, note la manière et le moyen, l’arme éventuelle, employée pour se ôter la vie. De nombreux dessins complètent le document.

Si le code pénale a changé la religion catholique reste immuable, le suicide empêche les sacrements et prive de sépulture. Les lettres parfois ne traitent pas de religion mais Dieu reste en arrière plan. Napoléonien conçoit le suicide comme une désertion, mais cela n’empêche pas les militaires et les forces de l’ordre de se donner la mort, avec une attitude martiale certes, mais le résultat reste un suicide.

L’auteur esquisse aussi l’acte politique de se supprimer. C’est à ce moment que milles pensées surgissent en moi. Je songe aux passionnés qui pensaient laisser une trace que le temps a fini par effacer, je me tourne aussi au morts d’amour et de douleurs pour un monde trop difficile. 

Cette chronique me fait méditer sur le destin des inconnus, des Poètes, des Philosophes, des artistes et âmes trop sensibles pour continuer à vivre. Pour un petit instant et grâce à ce livre il ne seront plus oubliés ni considérés comme déserteurs ni jugés.

Extraordinaire travail de recherche et compilation, un grand Bravo ! à l’auteur.

Tant de nuances de pluie – Asha Lemmie-HarperCollins Collection au gré du monde

Dans ce livre de la belle collection romans étrangers de HarperCollins, « Au gré du monde » on se laisse porter avec délectation au gré de l’histoire, dans l’épopée d’une famille de la noblesse impériale japonaise de l’après seconde guerre mondiale.

J’ai eu l’impression de lire cent romans en un, d’être au Japon avec la petite-grande protagoniste. Nori Kamiza, elle n’a que 8 ans quand nous la rencontrons, au moment où sa maman l’abandonne à l’entrée d’une grande maison de Kyoto. La demeure appartient à sa riche, noble et malhonnête famille. La famille de sa mère, car son père décédé, était un militaire afro-américain. Fille de l’amour mais illégitime, une honte à cacher, une irrégularité à corriger. Ses grands-parents lui infligent une vie de recluse dans leur grenier et toute sorte de tentatives douloureuses et absurdes pour blanchir sa peau, entre autres d’atroces bains de javel pour blanchir sa peau.

J’ai eu, pour un instant, une pensée à Michael Jackson mais aussi à une jeune aide-soignante qui voulait les restes d’une crème à la cortisone « car elle fait la peau toute blanche ».

Quel drame de voir surgir partout et toujours la peur de la différence. 

Nori cumule mauvaise couleur de peau et inexistence juridique. Née hors mariage elle vivra des situations difficiles qui participeront à façonner son caractère. 

La rencontre avec son ainé, un demi-frère taciturne mais amical, semble lui ouvrir les portes de la maison, la sortir de sa terne routine.

Sa découverte du jardin et de la pluie est émouvante. Son univers se colore et les deux jeunes partageront l’amour pour la musique.

Son demi-frère, Akira est un jeune homme brillant et vertueux violoniste qui vient rejoindre le domaine familial au moment du décès de son père. Légitime Akira est l’héritier, le maître.

Tout est histoire de maître et esclave, dévoile l’autrice, déjà dans les premières pages. 

La grand-mère, matriarche sans scrupules, n’acceptant pas que Nori puisse « respirer » fera tout pour aspirer l’air autour d’elle.

Je ne peux pas vous raconter plus de détails, tout se trouve, exprimé de manière exquise dans les pages de ce roman, j’ai plusieurs fois retenu le souffle pendant ma lecture, Je suis passée par toutes les émotions possibles. Chaleur et froid sont dosés avec minutie et attention.

Je voulais, je devais arriver à la fin du livre. Un fois ce fait accompli j’ai ressenti une certaine nostalgie pour Nori.

Cette fille, oubliée dans un grenier puis réanimé par l’amour est  devenue une femme qui décide d’allier tradition et renouveau, tradition et bienveillance, elle donne envie de la suivre encore, et encore, sans fin. 

Un livre enthousiasmant et palpitant: grand coup de cœur pour moi.

Le Serpent – Claire North – Bélial

Un roman où « Assassin’s creed » rencontre Machiavel dans la Venise du 17éme siècle.

Dur de survivre pour une femme qui se veut maitre de son avenir dans cette époque, l’héroïne devra user de son intelligence pour accéder au petit cercle de ceux qui jouent les destinées du monde.

Complots, doutes, enquêtes se succèdent dans ce premier tome de «la maison des jeux ».

L’apparition d’un tarot, antique marotte, bien employé dans l’intrigue me fit particulièrement sourire.

On éprouve un grand plaisir a se balader dans la cité des doges et l’autrice respecte bien l’esprit du lieu à cette période historique où la Sérénissime était le carrefour de toutes les cultures.

A lire pour découvrir une plume enchanteresse.

Les douze morts de Napoléon, David Chanteranne, Alpha 

J’apprécie beaucoup la collection historique des éditions Alpha, un format compact et complet.

J’ai découvert dans ce livre des anecdotes et événements qui ne font pas partie des textes que j’ai l’habitude de lire sur l’Empereur.

Oui oui Bonaparte. L’œuvre commence avec les derniers mots prononcés par Napoléon :

France, Mon fils, Tête, Armée 

Que voulait il dire ? 

C’est le point de départ que l’auteur utilise pour chercher les histoires dans l’Histoire.

Départ du voyage donc à Sainte Hélène. Là où tout est fini. L’île qui a été la dernière de Napoléon. Le livre retrace les nombreuses occasions dans lesquelles la destinée de l’Empereur aurait pu basculer et la mort arrêter sa remarquable ascension.

Une lecture intéressante qui allie documents et explications historiques. Parfait pour comprendre les faits et leurs contexte.

Quel beau livre et quelle collection réussie  

La prise du diable, Lina Wolff, Les Argonautes 

Le mot final, que l’autrice a choisi pour ce roman est « pur » « puro en italien » « pure en anglais » «puro en espagnole » « ren en suédois ». Ce livre est un pur prodige, un joyau, un trésor.

Il m’a été impossible de penser à autre chose.

Le texte a pris toute la place, avancer est une nécessité. Le lecteur est kidnappé par les mots.

Je ne veux pas raconter l’histoire mais il est important de dire et de décrire la force et la puissance de la percée de l’âme humaine que l’histoire apporte au lecteur.

Tout est dans la notion et la déclinaison du concept de domination. Dominer ou être dominé ? Est-il possible d’être les deux à la fois. 

Vous devez seulement savoir que la protagoniste est une suédoise polyglotte, trentenaire qui vivra à Florence les effets de l’amour malsain d’un pervers narcissique, et que La nouvelle Orléans sera le théâtre d’une accélération du récit parfaitement maîtrisée par l’autrice.

Une femme qui vient du nord est petit a petit, mot après mot, brûlée par des tempéraments méditerranéens et aussi du sud des États-Unis.

Heureusement en vrai, les hommes de la péninsule italienne et ceux des terres de Louisiane ne sont pas tous comme les protagonistes masculins du roman. Et pourtant ce texte souligne certes des caractéristiques émotionnelles exacerbées mais il pourrait  être un cas particulier du possible : donc réel.

Depuis la nuit des temps les relations interpersonnelles sont régies par la domination et la soumission. Les relations amoureuses ne peuvent pas échapper à cette règle.

Ce roman est une subtile et minutieuse confrontation avec l’oppression et l’acceptation d’un amour malade, acide, qui efface l’autre.

La protagoniste est prise dans la toile collante, d’une folie lucide et implacable. Il m’est arrivé plusieurs fois d’imaginer le dénouement de l’intrigue, mais non, cette superbe autrice, fait prendre au roman une tournure inattendue.

La prise du diable est une lecture qui laisse un souvenir, qui a une influence sur le lecteur-spectateur de ce drame acide et grinçant.

À lire d’une seule traite.

Les labyrinthes – Malek Abbou – Bouquins

Les labyrinthes sont de tous temps dans notre imaginaire depuis la peur dans la foret primaire aux angoisses devant l’arborescence d’un web administratif.

Ce livre est un ensemble de textes sur les représentations des labyrinthes, de la préhistoire à Lara Croft, il est exhaustif de leurs apparitions dans le parcours civilisationnel.

Trop souvent on y est directement confronté, on y joue, on y drague, les traverse et s’en évade, sans trop réfléchir au pourquoi et au quand ces dédales sont nés.

Raccourci de l’image du chemin de vie, ils sont omniprésents à tous les ages.

Ce « Bouquins » est un régal à parcourir. Il ne donnera pas de solution mathématique autre que « la main droite », ni du comment les blobs super-forment les IA pour trouver le meilleur chemin de sortie, mais prendra de la hauteur, sans fondre les ailes, pour éclairer leurs avatars : des cultes à la littérature, des mésopotamiens à Harry Potter.

Illustré des nombreuses figurations de toutes les époques, il enchantera ceux qui aiment les symboles et les réflexions

La véritable histoire du kraken Fabio Genovesi Istya & Cie.

Fantastique, ce livre l’est pour sa thématique ainsi que pour la belle et captivante écriture de Fabio Genovesi.

L’auteur est un journaliste, il a écrit à plusieurs reprises sur des sujets liées à la liberté, les grands espaces et la mer.

Pour cette histoire il nous raconte un calamar géant, tel est le titre en italien. Un Calamaro Gigante.

La première fois que ce géant marin se manifeste, étant pris modérément au sérieux, est en 1841, le navire qui le rencontre est l’Alecton.

Verne et tant d’autres s’en inspireront.

Nous partons vers voyage autour de l’inconnu qui trouve son ancrage dans les profondeurs, non seulement de la mer mais de l’histoire de la conscience humaine.

C’est un roman de recherche et d’acceptation de la perte de souvenirs et de réalité.

Genovesi a la capacité, dans tous ses écrits, de rassembler les mots les plus justes pour créer ses sujets.

Nous parcourons ce texte avec étonnement et surprise de la vaste connaissance de tous les aspects du kraken, nous sommes confrontés à la nature tenace et incommensurable. 

J’ai aimé la manière de reconstituer historiquement et littérairement les informations relatives aux géants marins, aussi parce que chez Genovesi nous n’avons jamais des simples commentaires, des  simples digressions destinées seulement au divertissement : dans chaque détail d’une page, histoire, anecdote, il y a une résonance avec son amour pour la nature. Et donc oui, c’est un roman (et un auteur) que je recommande vivement.

Mathilde s’en va-t-en mer, L-J Wagner

Mais quelle belle et drôle idée, l’auteur me surprend avec la compagne « Senior de l’anneau ».

Je vous explique, le roman est l’histoire de Mathilde, qui après trois mois du décès de son mari, décide de partir en mer, avec une croisière senior, organisée par compagnie d’inspiration un tantinet Tolkiennienne.

La fille de Mathilde, Manon tombée en dépression après la mort de son père, ne voit pas de bon œil cette croisière qui demande aux participants de se déguiser en personnage de la littérature fantasy.

L’avatar de Mathilde sur son forum « Mages et Commérages ». est « Verrue Béole »  mais elle souhaite être « Ally Foster »  dans cette croisière qui s’annonce, déjà à la vue de la belle cabine, fantastique. 

Ce livre m’a vraiment passionnée, j’adore la vision du troisième âge comme moment pour se libérer. Dans ce roman Mathilde redécouvre comment être elle-même et sa fille en lisant les pages d’un journal de vie, cache pour être retrouvé et lu par Manon, découvre la mère qu’elle aurait dû avoir sans la présence d’un père dictatorial et incapable de surmonter le besoin de tout contrôler.

Une famille aisée, une maman avec des origines aristocratiques réduite à l’effacement, au silence.

Un histoire de femmes qui se libèrent et vivent leur vie pleinement. Un texte féministe au féminin qui apporte un moment d’évasion.

Les détails fantastiques de la croisière m’amusent énormément, que des belles idées pour captiver lecteurs et lectrices.

Si un jour je devais nommer un événement ou une association, je ferai appel à l’auteur pour son imagination. La fantasia ou la phantasia comme diraient les latins ou les grecs est un atout de L-J Wagner.

Je n’ai pas lâché ce roman bien écrit et plein de pages surprenantes en mêlant la vie d’avant et celle actuelle de la protagoniste.

Facile de se laisser porter par la vie de Mathilde  et les nouvelles relations qu’elle tisse. Un vrai plaisir de lire avec une telle fluidité l’écriture.

Un auteur à suivre et un livre à lire et conseiller.

Si j’étais une éditrice, je m’empresserai d’ajouter le logo de ma maison d’édition à la couverture.

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Frappabord, Mireille Gagné, La Peuplade 

Grosse-île est le lieu d’une station de recherche axée sur la guerre bactériologique. De 1942 à 1956, laboratoire d’expériences bactériologiques secrètes des armées canadiennes, britannique et américaine.

C’est ce fait qui fait naître et vivre Frappapord, le livre.

Un roman beau, personnel qui transmet l’attachement aux lieux et à la nature de Mireille Gagné, qui me comptait déjà parmi ses lectrices heureuses grâce au mérité succès de son précédent livre, Le lièvre l’Amérique.

Frappabord au Québec désigne une mouche piqueuse, vecteur possible de maladies.

La toile narrative mise en place prévoit trois points de vue et deux plans narratifs.

Nous alternons les situations qui se passent dans un laboratoire de Grosse-île en 1942, où nous suivons Thomas entomologiste, chercheur et aujourd’hui quand des nuées de frappabords envahissent la région de Montmagny à l’été 2024, alors qu’une canicule sans précédent touche le Québec, frappé par une montée inexpliquée des cas de violences et agressivité.

La voix de la période moderne est un ouvrier qui nous montre bien l’aliénation et les conditions de travail qu’il doit vivre. Théodore plus victime de notre monde contemporain que du Frappabord d’ailleurs.

Cette critique de la société est une fiction de la réalité très bien présentée. Mais une troisième expression est présente dans ce livre : Celle du Frappabord, des courts et intenses chapitres donnent la parole à la mouche, qui décrit sa pensée. le besoin et la volupté de ses piqûres.

Frappabord est un personnage, il donne le titre et inspire la couverture du livre et j’ai adoré la partie fantastique du roman. J’ai adoré la couverture aussi.

Le surréel est naturel avec Mireille Gagné.

À lire absolument pour vivre quelques instants dans la peau d’une mouche mais également et surtout pour la belle prose de l’autrice.

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Du même bois, Marion Fayolle, Gallimard-Blanche 

Marion Fayolle, née en mai 1988, est une dessinatrice de presse, illustratrice et autrice de bande dessinée et maintenant de son premier roman. Je soupçonne, sa prochaine présence au Book Club de France Culture.

Autrice,  française, ardéchoise, c’est dans sa région natale que se trouve la ferme qui héberge ce livre.

La dure société rurale est peinte avec des traits, des mots simples. Efficaces et universels. Nous ne connaissons pas la condition des choses et des gens de la campagne; caractère et habitudes, mais la description des sentiments et des aspirations rendent la trame de l’autrice universelle.

La ferme ici, est une ferme-monde, unique lieu d’expression, d’échange, de vie des personnages.

On né, on grandit, vieillit, meurt.

Les règles de vie sont ancestrales, scandés par les couleurs des saisons et les besoins des bêtes.

Dans la ferme chacun a son rôle, les tâches répétitives et aliénantes sont les mêmes. Les moments privilégiés avec la nature aident à tenir la route.

La vie est dure et certains perdent la notion de la réalité, comme un oncle, qui a une place à part. On le garde tout près pourtant. C’est la famille qui se charge de tout.

Les jeunes actifs sont dans la partie gauche du corps de la ferme, les autres à droite, séparés, abandonnés, sans l’être complètement.

La naissance, la vie et la mort sont traitées avec honnêteté, brutalité parfois mais toujours avec poésie.

Les mots deviennent ceux du mode de vie de cette longue ferme isolée qui ne sait pas se renouveler. Qui ne peut pas changer de modèle.

J’ai réussi au fil des pages à situer l’époque, avec les indices, enseignement des langues, téléphone portable …

Nous suivons principalement les plates aventures de la « Gamine » personnage qui ne tient pas en place. Dans la ferme il faut être des bêtes obéissantes, ne pas vouloir sortir de la clôture.

Les rêves qui éloignent de la ferme ne sont pas possibles et ne seraient pas les bienvenus.

Nous vivons pour la ferme, nous mourrons pour la ferme, pourrait être le résumé de la mentalité ambiante.

Ici pas de télé, il y a le poste, la radio pour égayer le rythme pesant des tâches journaliers.

Cependant, les nouveaux « petitout », petit nom donné aux enfants, cherchent peut-être autre chose.

Je vous laisse le découvrir dans ce beau roman qui est une illustration du monde rurale.

L’autrice nous dit bien que les plus vieux acceptent leur condition, tandis que les plus jeunes la contestent. Mais tous deux sont écrasés, tout comme les passions des femmes sont sacrifiées. À travers ce témoignage implacable, elle souhaite parler de ceux que l’histoire laisse de côté, ceux qui ne s’adaptent pas aux temps nouveaux et qui sont irrémédiablement rattrapés par des nouveaux besoins.

Marion Fayolle, écrit avec une sorte de naturalisme moderne, je trouve l’écho de la poétique de Giovanni Verga. du courant Vériste.

 

 J’ai beaucoup aimé se livre qui se lit sereinement et agréablement.