L’un des meilleurs petits livres rouges que j’ai jamais lu. Tellement brut, intemporel, que ça fait froid dans le dos.
En bref :
La prose minimaliste, et factuelle de Martin Harniček présente un monde comme un immense marché uniformisé, où des créatures, à peine semblables aux humains, style Golum du Seigneur des Anneaux versus les Hobbits, se battent pour leur survie.
Seule nourriture possible la viande humaine !
Le narrateur/ protagoniste, cède aux lois absurdes de cette Ville suffocante réduite à un abattoir, est se fait conduire par la faim à agir comme un être abject qui ferait tout pour se nourrir.
Il décide donc d’intégrer pleinement ce monde horrible qui l’entoure et il entrevoit comme seul mode de vie celui du délateur et du chasseur.
Je ne vous conseille pas ce livre pour l’histoire apaisante qu’il racconte mais seulement puisqu’il est : A Masterpiece !
Oui un chef d’œuvre, et non les personnages de Dante ne sont pas beaux, Poe ne fait pas rire, Les métamorphoses de Kafka ne sont pas les transformations de Arturo Brachetti et les oeuvres de Hieronymus Bosch (le peintre pas le personnage de livre et série) ne sont pas mignonnes.
Même le Cri de Munch est un peu moche.
Mais j’aime tellement ces artistes !
Ils sont tous en commun une capacité allégorique formidable.
Ici on singe et brutalise à l’extrême une société dictatoriale. Où la seule loi est la survie du clan dominant qui s’impose avec la force et grâce à beaucoup d’idiots utiles qui finissent toujours par être mangés ! Oups j’en dit trop !
Fin tragique.
Terrifiant. L’auteur dresse un tableau de la souffrance, des mécanismes de domination et des engrenages du mal avec des mots posés à la perfection.
Sortir d’une lecture ordinaire est parfois en découvrir une extraordinaire, comme Viande.
Monts Métallifères publie en France ce court roman initialement publié en 1981, œuvre de l’écrivain tchèque Martin Harníček, qui mérite toute votre attention.