Portrait de l’artiste en jeune homme / James Joyce traduit par Jen-Yives Cotté / Éditions 10/18

A Portrait of the Artist as a Young Man

Première lecture de Joyce en français, merci au traducteur de rendre accessible Joyce au public francophone.

James Joyce est largement décrit comme un grand écrivain mais souvent obscur. Ce roman presque autobiographique dément cette réputation. Nous le lisons sans difficulté et n’avons pas à chercher d’arrière-pensées littéraires complexes. 

Stephen Dedalus, un personnage que l’auteur a présenté dans plusieurs livres, est l’alter ego de Joyce. Ce « Portrait » montre un garçon (qui fréquente pour la première fois l’université) en train de devenir un jeune adulte. Tout est bien Tout semble réaliste dans ce voyage, tout semble authentique 

Joyce nous fait découvrir une époque et un pays qui semblent très lointains et figés dans le temps. 

A la fin du XIXème siècle, l’Irlande tente d’entrer dans l’ère moderne, mais celle-ci reste encore très archaïque. L’emprise de l’Église catholique est lourde. Elle est compatissante au sein de l’école religieuse où étudie le jeune Stephen D.. Les discours des prédicateurs – à la fois apaisants et terrifiants – semblent presque incroyables aujourd’hui. Cette pression influence très puissamment le jeune garçon. En outre, l’Eire est toujours sous la loi britannique, ce qui provoque de graves divisions parmi les Irlandais (même aujourd’hui, il reste d’importants vestiges en Ulster).

Il y a donc coexistence entre une authenticité indubitable (soulignée par les nombreuses notes recueillies à la fin du livre, qui font référence à son expérience personnelle de Joyce) et l’impression d’étrangeté dont j’ai parlé plus haut et qui peut me surprendre. Mais cela en fait un roman fascinant et à lire pour découvrir d’autres et nouvelles facettes du grand James Joyce !

10/18 propose une excellente traduction et une très jolie couverture.

Tous les silences ne font pas le même bruit / Baptiste Beaulieu / L’Iconoclaste

« Tous les silences ne font pas le même bruit » est le titre du nouveau livre, étourdissant et magnifique, de Baptiste Beaulieu.

Pour moi ce livre est une déflagration de l’évidence, un réalisme qui apparaît grâce aux mots qui naviguent entre poésie en prose, biographie, et essai.

Écrit à la deuxième personne du singulier ce « tu » accompagne les lectrices et lecteurs comme si il nous mettait en cause, comme si il parlait de nous.

Gardez-« vous » d’imaginer que ce texte s’adresse à une communauté si ce n’est celle de l’humanité.

Nous suivons, avec les mots clairs et intenses de Baptiste Beaulieu, l’histoire d’un enfant qui devient homme, puis père en faisant face aux préjugés volontaires ou inconscients que notre société véhicule

J’ai envie de crier avec celles et ceux que le monde marginalise et de crier aussi à quel point ce récit et ses notes si importantes me touchent. Moi spectatrice de ce que le Dr. Beaulieu décrit.

Moi qui étais lors de la toute la première WorldPride à Rome, la moitié de la ville cloîtrée et l’autre moitié, avec des familles hétérosexuelles et des enfants, dans la rue, découvrant et soutenant une marche arc-en-ciel sous un soleil divin.

Un festival d’une semaine a accompagné l’événement et a attiré une foule d’environ 70.000 homosexuels venus de 40 pays.

J’avais 20 ans et je travaillais avec le maire de Rome qui a signé les autorisations pour la manifestation. 

J’étais fière. Mais la Rome cloîtrée nous a traité aussi mal qu’elle traite ordinairement les homosexuels et toute la communauté Queer. 

On ne va pas se mentir Batiste Beaulieu a raison sur tout, il fait un portrait du réel et nous interpelle en nous tutoyant.

Il répète, il explique il parle de la vie et de toutes les diversités.

« Tous les silences ne font pas le même bruit » est un livre qui passe du particulier à l’universel.

Un livre tendre et engagé, qui fait sourire et s’émouvoir.

Un livre pour toutes et pour tous.

Intermezzo / Sally Rooney / Gallimard 

Sally Rooney a un talent pour écrire sur les relations interpersonnelles et les liens humains, et elle le prouve roman après roman, page après page, pour le plus grand plaisir des lectrices et des lecteurs !

Intermezzo est une histoire qui parle de deux frères, qui sont : Peter, avocat trentenaire bien installé qui partage sa vie en jonglant entre deux femmes, et son cadet Ivan, joueur d’échecs d’une vingtaine d’années qui vit une relation avec une femme plus âgée rencontrée  à l’occasion d’une compétition d’échecs.

Le centre, « le crux » de l’histoire est la grande difficulté des deux frères à établir un vrai lien et de leur incapacité à se connecter l’un à l’autre, situation aggravée par le décès de leur père.

L’autrice a une maîtrise remarquable de la gestion de ses personnages et son analyse psychologique de ses femmes et hommes qui peuplent ses livres est incroyable, nous lisons les vies intérieures et les évolutions ainsi les  protagonistes deviennent proches comme si ils étaient nos proches et c’est beau.

il est difficile d’expliquer le roman avec un résumé  complet de ce livre de peur de gâcher le bonheur et la surprise de la lecture.

Mais je tiens à mettre encore l’accent sur le fait que nous avons vraiment l’impression de connaître la famille sortie de la plume de Sally Rooney et de comprendere les actions et mêmes les erreurs de tout le monde.

intermezzo ne se prive pas de la touche  politique caractéristique de Rooney, les paragraphes sur le travail salarié, la religion, le problème du logement à Dublin, la dynamique du pouvoir du capital intègrent et enrichissent l’histoire.

Très interessate aussi la façon de décrire l’influence et l’usage de l’univers d’Internet et des réseaux sociaux.

Ce roman est un récit existentialiste avec des échanges forts et marquants sur la vie et ses douleurs, (chroniques, passagères, subies ) et ses douceurs, (réelles ou seulement ressenties).

Sally Rooney revient avec un texte plus mature dans les thèmes et l’écriture. Elle explore un nouveau style, plus axé sur la conscience, tout en équilibrant cela avec ses excellents dialogues .

Note personnelle : j’ai bien apprécié la précision de citations que l’autrice utilise, qui sont très éclectiques, j’aime le « Il n’y a portant pas de troisième possibilité » Ludwig Wittgenstein. 

Vrai, mais parfois il faut la créer cette troisième voie/voix.

Belle lecture pour moi et j’espère vous dire bientôt « bonne lecture » à vous ! 

Les Enchanteurs / James Ellroy / Rivages/Noir

Demon Dog is back !

James Elleroy est une icône, un monstre sacré de l’écriture aux USA et dans le monde entier.

Auteur libre, parfois censuré, il est maître des romans avec plusieurs intrigues et des rebondissements qui tiennent l’attention du lecteur ou lectrice en état d’éveil permanent.

Les enchanteurs est le dernier volet, en date, de son cycle dédié à Los Angeles.

Dans ce roman, Freddy Otash, nous immerge dans le Hollywood de 1962 pour se lancer aux trousses de Marilyn Monroe et pour manipuler la réalité selon les besoins du maîtres du jeu.

L’écriture est toujours fulgurante, et le texte déchirant et bien plus émouvant que ce à quoi je m’attendais. 

C’est aussi stimulant, complexe, déroutant et brillant. Ellroy dissèque Los Angeles des années 1960, le système défaillant des studios hollywoodiens, la dépendance américaine au porno et à la drogue, la volonté de diffamer pour mieux régner.

La morale est claire : Nous vivons dans une culture pourrie et corrompue, et la plupart des gens ferment les yeux. Ellroy croit aussi à la rédemption. Il y a, disons, une prise de conscience, qui frappe Freddy Otash vers la fin, que j’ai dû lire deux fois.

Ellroy capture l’humeur des situations extrêmes et livre une profonde et intense version déglamourée de Marilyn et d’Hollywood comme seul lui peut le faire

Une réinvention cynique et iconoclaste de l’histoire américaine récente.

Les « rumeurs » et la diffamation sont les vrais protagonistes de l’histoire.

La violence est aussi morale et psychologique dans l’approche de l’auteur.

Si vous aimez le style d’Ellroy, c’est un incontournable, totalement immersif ! 

James Ellroy Sera à La Grande Librairie sur France 5 le 25/09/2024 et au Festival America à Vincennes 

« Pourquoi c’est important de lire ? »

Marine Tonnelier,
Olivier Besancenot, L
ucas Berriat – attaché de presse dans le monde de l’édition,
Guillaume Maurice, 
Fatma Bouvet de la Maisonneuve – Psychiatre et écrivaine
répondent à ma question.

Lire c’est découvrir; échanger; aimer; partager comme l’a récemment fait Bernard Friot avec moi.

J’aimerais un monde où toutes et tous puissent lire, pour ça je soutiens Bibliothèques Sans Frontières ! 

Parce que c’est important de lire ! 

Et vous ?

J’aimerais tellement votre réponse, en 10 ou 100 mots ou en images !

Pourquoi c’est important de lire, mes ami.es ? 

Les terroirs et la gauche / Samuel Grzybowski / Editions du Faubourg

Les Éditions du Faubourg en quelques mot d’abord.

La maison est créée en 2019 par Sophie Caillat.

L’équipe est passionnée et passionnante; la ligne éditoriale propose des œuvres de grande qualité qui enrichissent et questionnent le lecteur et la lectrice.

« Du faubourg au monde, du contemporain à l’histoire pour comprendre et agir » sont mes mots pour vous décrire mon ressenti à la lecture des textes de cette belle maison d’édition.

Le 17 septembre à la Gaîté Lyrique à Paris, salle accessible aux PMR♿️, avec ascenseur et sans marches, j’ai rencontré, un jeune et talentueux écrivain et acteur du changement.

Le public hétéroclite avec une majorité de trentenaires était intéressant et riche d’enseignements.

Le livre présenté parle de « terroirs » étrange mot qui n’est vraiment pas l’équivalent de territoires.

Et pourtant mon cerveau l’a transformé en territoires à mon premier regard sur la couverture. Erreur vite repérée et réparée, place à la lecture qui a été prenante et dense d’enseignements sur notre belle et aimée France.

La richesse de la diversité se dévoile page après page et me touche et apporte beaucoup, malgré mon internationalisme invétéré.

Pourquoi être insensible aux traditions et la beauté de nos terroirs ? Pourtant je l’ai été comme une partie de la gauche l’a été.

« Terroir  » est un mot, nous dit l’auteur, qui ne peut pas se traduire exactement dans les autres langues et depuis ma découverte de ce livre je tente en vain de le rendre vraiment compréhensible en Italien et en anglais….

Dans terroir: il y a la terre et ses produits, le vivant, la langue et la culture le plus souvent rurale, même si l’auteur nous interroge sur une possible extension d’usage du mot au milieu urbain. Cette idée d’une originalité urbaine qui chasse l’invisibilisation dès l’urbain me séduit.

Je voudrais que Samuel Grzybowski devienne le coach obligatoire de tous les élus du Front Populaire 2.0 et que son livre rouge devienne une lecture nécessaire pour toutes celles et ceux qui veulent préserver et imaginer le futur.

Oui pour moi, le futur, il faut le préserver.

Les livres des éditions du Faubourg et celui-ci en particulier rentrent dans la liste de ceux que j’offrirai beaucoup !

Livre, donc à lire et offrir !

Fête de l’Humanité 2024

Une Fête de l’Humanité riche de rencontres et d’échanges.

Une programmation culturelle et variée avec des visiteurs et visiteurs Happy de participer.

Nous avons interviewé pas mal de monde, des têtes connues et inconnues pour savoir enfin « Pourquoi c’est important de lire ? » une compilation de réponses est prévue pour vendredi 21 septembre !

Si vous avez envie de me raconter votre réponse en 60 secondes je partagerai toutes les vidéos !

Le terrain était moins périlleux que l’année dernière en fauteuil roulant ♿️ mais pas toujours facile de circuler ! Il me faut un kaxon !!!

Belle semaine à toutes et tous 

With love 

Cristina 

ASTERIX MISSION POTIONS : ON A TESTÉ L’EXPÉRIENCE EN RÉALITÉ VIRTUELLE CHEZ VIRTUAL ROOM EN ♿️ AUSSI !

Mais qui n’a pas rêvé d’être dans une BD d’Asterix et d’incarner un gentil Gaulois ? 

Moi en tout cas j’ai adoré l’être !

chez Virtual Room,  l’expérience de ce premier scénario sous licence est réussie, j’ai très envie de découvrir les créations originales du studio comme Are We Dead? ou encore Press Start.

En fauteuil roulant tout ce passe bien et l’équipe est tellement ouverte et disponible que chercher même des améliorations possibles ensemble a été un plaisir ! 

Astérix en réalité virtuelle est une activité à pratiquer et re pratiquer en famille, entre amis ou pour une occasion spéciale.

L’aventure au milieux des Gaulois est saisissante, développée , en partenariat avec les Éditions Albert René.

Réaliste et intuitive avec des énigmes et actions avec plusieurs niveaux de difficulté pour le personnage que vous devenez !

Graphiquement c’est vraiment joli et pour moi interagir avec Idéfix valut déjà le détour.

En tant qu’apprentis druides, vous allez être aidés par le petit chien dans votre quête semée d’embûches et pleine de rebondissements. 

Une immersion vraiment surprenante dans le village gaulois, où vous vivrez des événements épiques aux côtés de vos personnages tant aimés pendant 50 minutes !!!

L’actualité est riche pour Astérix car expositions et série vont bientôt débarquer.

Cette expérience immersive est totalement validée et conseillée.

Mon rêve : partager Astérix Missions Potions avec des lecteurs et lectrices qui ne fréquentent pas ce type de lieux ludiques et immersifs.

L’Astérix de Virtual Room est pour vous aussi !!!

La lumière vacillante / Nino HARATISCHWILI / Gallimard 

Le livre et la rencontre chez l’éditeur ! 

Elle s’appelle Nino, ce n’est ni un pseudonyme ni un choix de genre, c’est juste un prénom de l’ex URSS. Elle est née en Géorgie et Nino serait une Sainte ayant apporté le Christianisme.

Elle écrit en allemand, c’est une langue apprise et acquise qui lui permet plus de liberté, et peut être de prendre un peu de distance avec son passé.

On en apprend de choses dans une rencontre avec l’autrice chez son éditeur Gallimard.

Le livre est l’histoire de 4 amies qui grandissent dans les années difficiles de la Géorgie et qui se retrouvent à l’occasion d’une exposition bien plus tard.

Une belle lecture qui confirme le talent de narratrice de l’écrivaine. 

Un roman aux accents autobiographiques qui reste néanmoins une fiction bien menée.

Mention spéciale pour les descriptions des moments du quotidien et la caractérisation des protagonistes.

La rencontre était co-organisée par Babelio et la brillante équipe a porté son concours à me faciliter l’accès et la sortie du beau bâtiment des éditions Gallimard.

Ils peuvent toutes et tous rajouter un ligne à leur CV : Accueil et gestion de public handicapé moteur, spécifiquement en fauteuil roulant.

Mille mercis à la chouette team Gallimard qui a tout fait pour rendre possible ma présence. Merci Margot !

Au moment de la sortie, perchée dans l’escalier de la maison d’édition portée par 3 courageux messieurs, et en criant « Saint Gallimard protèges moi » et en énumérant des noms de Maisons d’édition pour me détendre, Antoine Gallimard a ouvert la porte et a du avoir la réponse au dossier de la NRF : « L’époque est-elle encore surréaliste » ?.

Mon expérience est un mélange du Baron Perché de Calvino et des femmes sans corps de Leonor Fini.

Surrealiste 

Merci Gallimard & Babelio pour ce moment, vous êtes fantastiques.

Une expérience qui confronte à la réalité d’un fauteuil roulant. Je me suis dite je ne veux pas que le fauteuil m’empêche de revenir chez Gallimard, c’est Gallimard, et encore… en principe je ne pourrais pas travailler chez Gallimard…, et encore ce n’est pas juste…, et encore vivement que je puisse remarcher, et encore… mais tous les handicaps ne sont pas réversibles ? 

Fin de l’histoire.