Dans son dernier livre, Patronyme, Vanessa Springora continue d’explorer les thèmes du passé familial et de l’identité, qu’elle avait déjà abordés dans son œuvre précédente, Le Consentement. Ce premier roman a fait couler beaucoup d’encre en raison de son traitement sans interdits, de l’exercice du pouvoir et des dynamiques d’emprise et abus sur des mineurs.
L’autrice raconte sa propre expérience d’adolescente et son traumatisme.
Avec Patronyme,l’autrice nous offre une réflexion profonde sur son héritage des liens de sang, marquée par la recherche de vérité et la quête de soi.
Au cœur de ce récit se trouve la mort inattendue du père de Springora, un homme dont l’absence avait déjà créé une distance émotionnelle.
À travers la nécessité de vider son appartement, elle se confronte non seulement à un homme qu’elle ne connaît plus, mais aussi aux débris psychologiques de sa lignée. L’exploration des origines, renforcée par la découverte de photographies surprenantes de son grand-père portant des insignes nazis, fait naître une interrogation fondamentale sur la nature du consentement de l’héritage. Ce questionnement résonne avec la problématique du passé, et comment il se transmet, avec violence parfois, d’une génération à l’autre.
Springora nous rappelle combien le patronyme peut peser lourd, il est au centre de son identité et de son rapport avec la mémoire familiale.
À travers cette quête, elle interroge la notion même de transmission : que nous lèguent nos ancêtres, non seulement en termes de nom, mais aussi d’histoires, de secrets et de mensonges ? C’est un voyage qui s’étend sur deux ans, ponctué de recherches dans les archives tchèques, allemandes et françaises, et qui l’amène à rencontrer des témoins, explorant ainsi les échos d’une Tchécoslovaquie bouleversée par l’Histoire.
Le style de Springora est tout à la fois lyrique et incisif, empreint d’une beauté littéraire qui capte le lecteur dès la première page.
Elle manie les mots avec une précision qui marque, qui lui permet d’évoquer des sujets aussi graves que complexes avec une grande délicatesse.
À l’instar de son premier livre, l’autrice parvient à transformer une douleur personnelle en une réflexion universelle sur les méandres de la condition
Patronyme est aussi une méditation sur l’identité, l’acceptation , et le poids de l’histoire. À travers ce kaléidoscope littéraire, Vanessa Springora éclaire les mystères de son nom et des figures masculines de son enfance, tout en nous interrogeant sur le caractère inéluctable de notre héritage.
En conclusion, ce nouvel ouvrage amplifie la voix de Springora et l’affirme comme une autrice majeure de la littérature contemporaine.