La Voix des fantômes : Quand débordent les morts / Grégory Delaplace / Le Seuil 

Je dois cette lecture aux éditions du Seuil, mais également à @nicoherbeaux qui en a parlé dans sa belle matinale du samedi sur @franceculture , qui m’éveille et me réveille chaque semaine.

Gregory Delaplace est un anthropologue et un magnifique divulgateur. 

Son livre est une expérience de lecture extraordinaire, un voyage dans le temps et l’espace à la rencontre de nos fantômes.

Chaque époque et tradition a son rapport au morts et à la mort. 

Chaque être sur terre a ses fantômes qui l’accompagnent comme un fantasme qui fait rêver de pouvoir toucher ce qui n’est plus, ceux et celles qui ne sont plus là, c’est mon opinion hautement pas scientifique.

L’auteur traite les fantômes de manière plus scientifique, en écrivant, avec talent, une anthropologie du rapport des humains aux morts et au traitement des revenants.

J’ai adoré me retrouver, grâce aux mots et une pincée d’imagination au Moyen Âge au moment de l’invention du Purgatoire, élément qui me fascine depuis toujours, ou dans le West End à Londres. 

J’ai aimé découvrir les superstitions et me représenter chaque lieu et situation. 

Ce livre se lit tout comme un roman et nous donne beaucoup. 

Les mots sont parfaitement maîtrisés et les explications convoquent, l’histoire et l’ethnologie qui éclairent ce sujet qui est normalement plutôt dans l’ombre.

N’ayez pas peur de lire un essai, ce livre s’adresse à toutes celles et tous ceux qui aiment lire, réfléchir, comprendre.

PS j’ai une envie dévorante de discuter de ce livre avec mon amie @dr.jenniferkerner qui est immergée dans son beau travail en ce moment.

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Petit-Clamart / Gilles Boyer / JC Lattès

Que se serait-il passé si le 22 août 1962, le Président, et Général de Gaulle, avait été assassiné lors du célèbre attentat ? Petit-Clamart est une uchronie qui donne une réponse à cette question.
Les personnages sont connus, un seul est, a l’heure de parution, encore en vie.
La psychologie, les ambitions de chacun, la logique des institutions conduisent à un récit tout à fait plausible.

C’est l’histoire de l’un des possibles.

Une époque très étrange que celle d’après-guerre, peuplée d’anciens héros de la résistance, de revendiqués comme tels, de collaborationnistes discrets, de factieux et fâcheux nostalgiques de l’Empire Colonial, d’anciens élus de la République revenus en responsabilité avec la maîtrise des jeux parlementaires, et de quelques jeunots qui marqueront les 60 années suivantes.

Voir une droite s’écharper sur de vrais valeurs a quelque chose de rafraîchissant et d’oublié, D’ailleurs la cuisine électorale n’est pas sans rappeler les complots de « Game of Thrones », inspiré des Rois Maudits de Maurice Druon (un résistant gaulliste qui savait donc bien ce qu’il écrivait)

Il n’est pas nécessaire de connaître l’histoire du Petit-Clamart, aujourd’hui plus associé à un quartier en plein développement qu’à une tentative d’assasinat, pour apprécier ce livre mais cela apporte nécessairement un goût supplémentaire à la lecture de savoir qui est qui, surtout pour apprécier pleinement la psychologie des personnages.
Il serait injuste de ne pas reconnaître le talent d’écrivain de Gilles Boyer, même si tout nous oppose en termes de vision et de parcours politique dans la réalité.
C’est le pouvoir des livres.

Je ne l’ai pas lâché ce roman et je pense que vous ferez de même !

L’empire n’a jamais pris fin / P. Thiellement / Massot – Blast

Pacôme Thiellement nous livre une relecture spiritualiste du développement de la civilisation chrétienne. Il nous démontre que l’alliance du sceptre et du goupillon n’a jamais eu de scrupules à l’imposture pour écraser les aspirations d’émancipation des populations. Après une comparaison édifiante du message d’origine du Christ et ce que l’église en a fait, toutes les pistes conduisent à Rome. César est devenu le modèle de tous ceux qui veulent écraser le monde de leurs pouvoirs.

Suivront la démonstration par les exemples de Clovis et de Jeanne d’Arc.
Cette fresque historique est enrichie de références plutôt hétérodoxes dans le domaine comme P.K. Dick et Simone Weill ainsi que de nombreuses perles d’humour. La dénonciation de la récupération par une famille politique anti-tou.t.s de Jeanne d’Arc icône pas vraiment genrée est assez drôle si ce n’était pas tragique.

Alors bien évidement certains diront que c’est une vision partisane et particulière de l’Histoire, « e pur si muove ! », l’examen neutre des faits font que le raisonnement Thiellement est adamantin.
J’ai hâte de lire les tomes suivants

l’Art Nouveau / JM Leniaud / Citadelles & Mazenod

Les Éditions Citadelles & Mazenod ont développé un savoir faire en matière de beaux livres qui est exceptionnel.

Les collections sont pensées et écrites pour être un outil pour les enseignants, les chercheurs, les conservateurs, et être aussi accessibles au grand public d’amateurs.

Les images sont d’une beauté époustouflante mais j’aime mettre l’accent sur les textes.

Sachez que vous achèterez un  «  livre beau » interessant et prenant, riche et soigné au niveau de l’écriture et de la recherche. 

La fabrication de livres, nous dit l’éditeur « se fait dans le respect de la tradition du métier, avec un souci de rigueur technique permanent ».

Ma propre définition de l’expérience de passionnée que je suis, avec les livres Citadelles & Mazenod est : « la beauté alliée à l’essence du savoir » 

Je vous conseille, avec toute la passion que je peux vous transmettre de lire, toucher et vous approprier de ces œuvres d’excellence.

Des cadeaux toujours appréciés et des collections pour se faire plaisir.

Le catalogue est riche et diversifié, même les amateurs de Science-fiction trouveront leur bonheur.

Le livre que je vous présente aujourd’hui est une véritable encyclopédie visuelle de l’Art Nouveau qui me fascine tant, pour son style épuré et élaboré à la fois.

Les images nous racontent un style qui touche tout : peinture, sculpture, architecture, mobilier, décoration…

Ce splendide livre m’accompagnera, sur ma table basse pour le montrer comme le si bel objet qu’il est.

O. V. de L. Milosz / Éditions Quarto.

Quarto livre me surprend toujours pour la richesse de ses volumes.

J’adore toucher les Quarto, grâce au papier soyeux, et les garder un peu sur mes genoux après avoir lu les textes, regarder, encore et encore, les images, si belles et les détails si précieux, me plaît beaucoup 

Avec une anthologie comme celle ci, le travail de recherche pour, « apprivoiser » une autrice ou un auteur est fait par l’éditeur, ici de manière riche et approfondie.

Dans un récent article sur @diacritik la collection Quarto est définie par sa directrice éditoriale, @aude_cirier , comme « la petite sœur rebelle de la Pléiade» oui c’est un peu ça selon moi. 

Miloz est un personnage singulier de la scène littéraire, sa quête spirituelle, perpétuelle, me touche beaucoup et je suis particulièrement charmée par ses poèmes si personnels et forts.

Très intéressant de connaître maintenant, aussi, l’œuvre en prose et le théâtre.

Quelle richesse cet ouvrage ! 

Le dossier et les annexes, ouvrent les portes de l’univers métaphysique de l’auteur. 

Cette édition contient une vie d’artiste et c’est une délicieuse et inspirante découverte qui sort de mon univers littéraire habituel.

Merci Quarto.

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Petites histoires de la médecine / La Manufacture des Abbesses – Paris

Ça vous dirait d’avoir une consultation théâtrale avec un médecin génial ?

Moi j’ai adoré découvrir, apprendre, rire et passer un moment de détente intelligent et créatif.

Nous assistons à plus d’une heure de spectacle sans voir passer le temps ! 

Tout est intéressant, les histoires, les anecdotes et le dialogue avec une patiente fort problématique et très très âgée qui permet de développer cet agréable solo en scène.

Le texte est vraiment fou et intéressant !

Je vous conseille d’aller voir ce vrai docteur pour rentrer chez vous bien de meilleure humeur que lors des rencontres avec des professionnels de santé dans des lieux plus conventionnels, la magie de ce spectacle guérit de la tristesse.

Histoire d’une domestication / Camila Sosa Villada / Métaillé

Traduit par : Laura Alcoba

Ce livre est renversant du début à la fin, l’autrice raconte avec passion et élégance la vie de la « comédienne » une actrice trans, célèbre et hautaine et de ses familles, celle d’origine et celle bâtie pas sans douleur.

La comédienne et son mari « l’avocat » gay, riche et très sophistiqué, moi je les aime, grâce à eux et aux très utiles personnages, jamais secondaires, la romancière argentine, actrice et trans elle même, insuffle dans son œuvre littéraire les mots nécessaires pour décrire les maux de la société, de la famille, du couple et de l’enfance.

Dans cette histoire il y a aussi l’enfance torturée par la vie.

« L’enfant » est adopté, l’enfant est séropositif.

En moins de deux pages Camilla Sosa Villada dit tout sur le SIDA et le dit comme une écrivaine peut le faire, avec la force d’une mère qui protège son enfant, c’est immense et réussi.

Ce livre m’a écorchée pendant la lecture et m’a également fait voyager dans la réalité si lointaine et si proche de la mienne.

« Indétectable »  es-tu indétectable ? est la première question qu’une patiente de mon unité de rééducation de l’hôpital Bicêtre m’a posé et moi toute personne engagée, militante, donatrice de ACT UP avec un tatouage de « The radiant baby » de Keith Haring, sur la cheville gauche, je n’ai pas su répondre.

Indétectable est une personne séropositive avec une charge virale tellement faible qui rend la transmission du VIH impossible.

Pas improbable ! IMPOSSIBLE ! 

On m’a demandé alors si mon coma et ma paralysie temporaire étaient dus « au virus » et moi j’ai répondu oui au virus varicelle-zona (appelé VZV, pour varicella-zoster virus).

Nous n’avions pas le même virus, presque les mêmes séquelles neurologiques, parfois mais elles et eux étaient « neuro-sida », mon neurologue dit ces « oubliés de la vie ».

Alors j’ai des choses en commun avec la protagoniste, les sentiments et les interrogations sur la vie l’amour, le corps, la séduction, les vêtements de Vivienne Westwood et la durée d’être confronté de près à cette maladie qui reste aujourd’hui stigmatisante.

J’ai vécu 18 mois avec le regard des visiteurs, des associations, des familles. 

Je ne suis pas séropositive mais eux ne le savaient pas.

Histoire d’une domestication perle de toutes les stigmatisations qui rendent si difficile de vivre avec un model de vie qui est différant sans se rendre compte que l’AMOUR est le même pour toutes et tous. « La comédie » dit refuser d’aimer et pourtant, comme tout être vivant ne cherche que ça.

Dans cette histoire théâtre de vies en quête du bonheur tout est extrême et pourtant pas si irréaliste que ça.

Mention spéciale pour la façon de traiter les scènes de sexe. 

C’est brutal et cru et pourtant, calibré pour dérouter juste le nécessaire et puis il y a aussi le besoin d’admiration et de séduction qui agrémentent ces moments dans le texte.

Lecture prenante, changeante, profonde.

Éminemment politique même dans les détails.

The Friends Expérience

#theoneinparis 

L’expérience mérite une visite déjà pour la porte violette emblématique de l’appartement de Rachel et Monica : The porte violette 

Il m’est arrivé de dire « violet couleur porte de Friends » dans la vie.

Mais vous pourrez aussi jouer au baby-foot chez Joey et Chandler, et prendre un selfie sur le canapé du Central Perk ou celui devant la fontaine.

Tout est beau ! Tout est comme dans Friends.

Une fois gagné l’envie de regarder tous les décors en même temps, l’expérience est aussi une exposition qui racconte Friends, ses protagonistes et son histoire !

La boutique est dotée d’un merch exclusif FRIENDS™, des mugs Central Perk aux sacs Crap Bags, en passant par des superbes T-shirts.

Moi j’ai rapporté chez moi 3 objets iconiques dont je suis particulièrement fière ! Comme un collier avec un célèbre (petit) cadre photo jaune. 

Objet indispensable à mon bonheur évidemment.

Cette expérience qui vous transporte à New York, chez des Friends est magique et magnifique, si vous aimez la série ou si vous avez des personnes dans votre famille ou entourage qui craquaient pour les aventures des 6 amis, ne tardez pas à réserver une heure d’émotions et de sublimes souvenirs.

C’est par ailleurs un réel  moment feel-good assuré ! 

PLANIFIEZ VOTRE VISITE

  •  Dates :Jusqu’au au 9 février 2025
  •  Heures d’ouverture : Lundi, mercredi – dimanche: de 12h à 21h15 (dernière entrée à 20h). Fermé tous les mardis
  •  Lieu : Galeries Montparnasse | 22 Rue du Départ, 75015 Paris
  •  Durée : 1 heure par session
  •  Accessibilité : Accès PMR ♿️.    disponible
  •  Âge requis : Tout âge est le bienvenue. Les participants ayant 15ans ou moins doivent être accompagnés d’un adulte (qui à 18ans minimum). 

Emmanuelle / Le Book club

Bonjour Le Book club ! 

Bonjour Camille Moreau !

Emmanuelle n’est pas de ma génération et pourtant la sensation de transgression et liberté 

qui l’entourent m’ont fait voir le-les film(s) et lire le livre. 

Comme souvent la version écrite gagna davantage mon intérêt, grâce au voile de mystère qui reste intacte, imaginer parfois c’est plus fort que voir.

Pour moi le roman a été troublant, lecture, interdite, inédite, érudite, initiatique et politique je n’ai pas eu les mêmes sensations en voyant les films. 

Emmanuelle, La version d’homme a été l’objet d’une absence éditoriale, épuisé partout, mais un exemplaire circulait dans ma famille et je l’ai lu avant 18 ans et relu avant votre livre.

Ma génération est celle du conformisme 

contraint ou au moins de la prudence, à cause su SIDA, en savoir plus sur les facettes de ce scandaleux pseudonyme m’a beaucoup intriguée.

Qui était ce personne derrière le personnage ? 

Vous êtes spécialiste de littérature érotique féminine Camille Moreau, je vous découvre, avec plaisir, dans votre récit vous dites de l’ Emmanuelle/Marayat Rollet-Andriane :

« Plus elle apprend plus elle est libre… »

« Elle découvre le plaisir qu’il y à connaître »

« le savoir lui donne la détermination de créer sa propre trajectoire »

Alors revenons à l’Emmanuelle/Roma , j’ai tres envie de vous demander Camille Moreau,: Diriez vous que Emmanuelle est un roman érotique

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-book-club/lire-emmanuelle-d-emmanuelle-arsan-avec-emma-becker-et-camille-moreau-2446550

Portrait de l’artiste en jeune homme / James Joyce traduit par Jen-Yives Cotté / Éditions 10/18

A Portrait of the Artist as a Young Man

Première lecture de Joyce en français, merci au traducteur de rendre accessible Joyce au public francophone.

James Joyce est largement décrit comme un grand écrivain mais souvent obscur. Ce roman presque autobiographique dément cette réputation. Nous le lisons sans difficulté et n’avons pas à chercher d’arrière-pensées littéraires complexes. 

Stephen Dedalus, un personnage que l’auteur a présenté dans plusieurs livres, est l’alter ego de Joyce. Ce « Portrait » montre un garçon (qui fréquente pour la première fois l’université) en train de devenir un jeune adulte. Tout est bien Tout semble réaliste dans ce voyage, tout semble authentique 

Joyce nous fait découvrir une époque et un pays qui semblent très lointains et figés dans le temps. 

A la fin du XIXème siècle, l’Irlande tente d’entrer dans l’ère moderne, mais celle-ci reste encore très archaïque. L’emprise de l’Église catholique est lourde. Elle est compatissante au sein de l’école religieuse où étudie le jeune Stephen D.. Les discours des prédicateurs – à la fois apaisants et terrifiants – semblent presque incroyables aujourd’hui. Cette pression influence très puissamment le jeune garçon. En outre, l’Eire est toujours sous la loi britannique, ce qui provoque de graves divisions parmi les Irlandais (même aujourd’hui, il reste d’importants vestiges en Ulster).

Il y a donc coexistence entre une authenticité indubitable (soulignée par les nombreuses notes recueillies à la fin du livre, qui font référence à son expérience personnelle de Joyce) et l’impression d’étrangeté dont j’ai parlé plus haut et qui peut me surprendre. Mais cela en fait un roman fascinant et à lire pour découvrir d’autres et nouvelles facettes du grand James Joyce !

10/18 propose une excellente traduction et une très jolie couverture.