Bernie surkiffe / Théâtre 

Vous avez avez aimé Madame Maisel à la télé ? Vous aimerez alors Bernie.

Notre héroïne théâtrale passe comme l’autre de femme au foyer à l’instar des plateaux.

La vie de tous les jours est à l’honneur, douce et amère, touchante et drôle, vraiment drôle !

On passe un bon moment avec un show de qualité et des histoires de personnages ordinaires auxquels on s’identifie facilement et pleinement, ces portraits sont très réalistes et toujours réussis et drôles.

Les sketchs se succèdent avec un très bon rythme qui ne laisse pas de repos au rire.

Je n’ai jamais arrêté de rire et, ce n’est pas facile que je me laisse séduire autant par des textes!

Formidable, la comédienne qui incarne Bernie à la perfection.

Je vous recommande vivement d’aller voir ce spectacle, pour vous abandonner à des textes rafraîchissant et efficaces.

Hôtel de l’univers / Hedi Cherchour / Editions Vanloo

Si vous deviez lire uniquement lire les premiers mots de mon texte, sachez que ce livre est un grand, fort et important coup de cœur ou de foudre si vous préférez.

« Le bâtiment B1 est le monde » nous dit la quatrième de couverture et cette image raconte bien le fond du livre, cette phrase me touche beaucoup car je l’ai souvent prononcée ailleurs, dans des quartiers qu’un parisien comparerait à La Courneuve mais qui se situent en Italie, à Rome, dans une architecture qui se voulait inclusive, dans une idée de ville qui devait contenir le monde, une univers pour toutes et tous. Si vous avez l’envie et la curiosité, cherchez l’histoire de Laurentino 38 qui paraît sorti tout droit d’un livre de Pasolini.

Et tous les mutatis mutandis de la galaxie faits, c’est au cher Pier Paolo que j’ai pensé dans la série d’instantanées que Hédi Cherchour nous offre avec conviction et brio.

Découverte avec son précédent livre, à lire aussi, Nouvelles de la ferraille et du vent (2019),

l’autrice confirme, à mon avis sont talent de conteuse/photographe d’histoires fortes qui parlent des faibles.

L’écriture se fond avec les voix des la narratrice et des personnages qu’elle décrit et fait vivre, à merveille.

L’Univers de « l’hôtel » de Mme Cherchour est celui des prolétaires (oui le mot existe toujours et garde sa signification) de l’immigration maghrébine entre espoir et déception, où les premières vagues redoutent les suivantes, où il vaut mieux cacher ses cicatrices visibles et invisibles. La réflexion sur, identité, intégration et assimilation s’impose à moi grâce aux mots bien placés de l’autrice.

Un livre à lire pour toutes les qualités qu’il a.

Rat Island / Jo Nesbø / Gallimard Collection Série Noire

Ce livre, si particulier se compose de 5 nouvelles, toutes très différentes les unes des autres, mais qui transmettent leur message de la même manière : Clairement et avec une incroyable maîtrise.

C’est une lutte pour la survie de nos personnages. Une survie qui ne vient pas facilement ni sans douleur. Ces histoires m’ont parfois fait penser aux univers dégradés et sans lois des super héros des comics  (Superman, Batman avec Gotham City) mais avec des personnages plus humains et tragiques (sans Superman&co).

Les nouvelles se déroulant dans un futur proche avec une légère touche de science-fiction. Mon préféré, je dirais, est Black Horse mais chacune a sa propre singularité qui flirte avec le genre de l’horreur tout en abordant des enjeux de société clés et hélas actuels.

Moi je vois bien Trump en haut de son gratte-ciel en attendant l’hélicoptère ! (il faut lire Rat Island pour comprendre). 

Dans la manière d’écrire de l’auteur, j’aime ses paradoxes et sa complexité, ainsi que sa recherche des  possibilités que l’homme peut avoir et jusqu’où il peut aller pour se détruire. 

Ses personnages ne font pas vraiment des « bons » choix. 

Après ce livre j’envisage sérieusement de chercher les autres recueils de nouvelles de l’auteur car ses histoires sont des mini romans à chaque fois.

Je le recommande vivement si, comme moi, vous aimez l’auteur, les histoires courtes et un livre intéressant qui frôle plusieurs genres littéraires.

La vengeance / Wautier / Anspach

La vengeance est une réinterprétation graphique à l’époque de la conquête de l’ouest américain de Moby Dick.
Jusqu’où, un père de famille auparavant bien tranquille pourra-t-il aller pour venger son épouse.
Ses enfants l’accompagneront sur la piste des assassins, inquiets de ne plus le reconnaître.
Cette BD est à la limite du story-board d’un western de Sergio Leone tant elle est cinématographique, manque juste la musique d’Ennio Morricone avec l’harmonica.
Il y a un amour des montagne chez Wautier et les cols entre les piques figurent bien le creux des vagues dans lesquels Achab s’enfoncera.
Nous trouvons donc une réflexion sur le désespoir, la morale et les limites de se faire justice ou céder à la vengeance extrême.

Le Mardi à Monoprix / Spectacle théâtral d’Emmanuel Darley

Ce sera du 29 Juin au 21 Juillet à 10h au BA Théâtre au Festival Off d’Avignon

J’ai vu « Le Mardi à Monoprix » et j’aime Marie-Pierre ! C’est une bonne chose car cette performance est un long monologue théâtral avec un texte profond et délicat, ici on parle de l’identité qui se reconnaît grâce ou à cause du regard de l’autre. L’autre est un père qui accepte l’aide de sa fille dans une routine qui s’installe le mardi, mais accepte avec hésitation, parfois maladroite, que son fils Jean-Pierre soit aujourd’hui Marie-Pierre.

Le texte de la pièce est formidable, touchant et coup de poing à la fois.

Cette brillante réflexion sur l’identité et l’acceptation fait du bien et ouvre l’esprit.

Époustouflants et sensibles les mots se succèdent graves et légères, portés par la mélodie que seulement le Théâtre sait offrir aux spectatrices et spectateurs.

Une très belle mise en scène, l’interprétation d’un texte puissant et un langage universelle font un mix parfait.

Je suis enthousiaste d’avoir vu la performance d’un acteur/personnage en quête de reconnaissance, qui demande seulement d’exister à sa façon, qui veut un monde où la différence soit reconnue et acceptée.

Un spectacle à voir pour vivre un vrai moment de tendresse et d’émotion.

Pour information, le texte de la pièce, qui est vraiment génial, est édité par @actessudpapiers dans la collection Actes Sud Papiers.

Vision aveugle / Peter Watts / Le Livre de Poche

C’est un livre très dense, plein d’idées. Bien que Watts mentionne qu’il est biologiste de formation, vous ne le sauriez pas : entre tous les événements astronomiques, les effets secondaires neurologiques des radiations et de l’exposition au méthane, et la philosophie de la conscience, cela ressemble à la moitié d’un programme universitaire ici. Ce n’est pas non plus un livre facile. J’ai fini par attendre de le terminer lors d’une journée libre, où le livre et moi pouvions passer autant de temps que nécessaire. En ce sens, cela m’a beaucoup rappelé l’Embassytown de Miéville.

Le récit est fragmenté en morceaux, alternant entre une description linéaire d’une sorte d’événement de premier contact et des fragments de la vie de Siri, principalement de sa jeunesse et de sa seule relation amoureuse. Il s’agit d’une Terre future où la plupart des gens ont été génétiquement modifiés avant leur naissance. À mesure qu’ils vieillissent, de plus en plus de personnes choisissent de rejoindre le Paradis, une sorte de réalité virtuelle pour leur conscience, permettant à leur corps d’être stocké ailleurs une fois qu’ils se sont engagés. Siri était épileptique et s’est fait retirer la moitié du cerveau pour éviter de nouvelles crises. Cela lui a laissé un curieux sens de la distance, qu’il a développé en une compétence, devenant un synthétiste professionnel. Lorsqu’une invention extraterrestre étudie la Terre, un groupe de personnes est envoyé à l’endroit le plus probable où se cachent les extraterrestres. Siri fait partie de cette équipe en tant qu’observateur professionnel.

J’adore la discussion en cours sur la conscience, en ce qui concerne les personnages et son lien avec l’extraterrestre sociopathe qui brise la planète.

Un contenu riche et une belle écriture.

Livre lu dans cadre de la sélection du Prix de lecteurs du Livre de poche imaginaire et beaucoup aimé 8,5/10 je dirais !

Motl en Amérique / Cholem Aleikhem /L »antilope.

Je lis Cholem Aleikhem pour la première fois. Je découvre donc un écrivain qui écrivait en hébreux, russe et surtout yiddish. Traduit en plusieurs langues et célèbre déjà de son vivant. L’auteur a une écriture très singulière.

C’est une traduction donc toutes mes félicitations aux traductrices du yiddish.

Je n’ai lu que « Motl  » donc, pour le moment, 

C’était bon! Mieux que ce à quoi je m’attendais  L’humour yiddish demande un peu de temps pour s’y habituer – On a beaucoup de  va-et-vient de dialogue entre les personnages . 

Le rythme est rapide le plus souvent, 

Le protagoniste est un jeune garçon – sa vision du monde est celle d’un enfant déraciné dans un monde qui change à toute vitesse et ne laisse pas le temps de digérer les nouveautés. Motl  est toujours efficace dans les descriptions de sa nouvelle vie : Il devient un immigrant en Amérique, il sait s’émerveiller et apprends vite.

Le livre est à lire en le contextualisant, c’est important de le lier à une époque.

L’écrivain explore l’une des expériences centrales de l’histoire juive moderne : l’immigration de l’Europe de l’Est vers les États-Unis en 1907.

Plutôt que d’en tirer une vision tragique, le romancier et dramaturge, né dans la région de Kiev, traite cet exil avec l’humour tendre qui caractérise le livre. C’est à travers les yeux de Motl, un petit garçon curieux de tout, qu’il narre cette épopée.

Je vous conseille ce livre 

Amor à Mort / Théâtre 

On pourrait aussi dire de l’amour à la mort !

La thématique est plus que sérieuse. Ici on parle de la transformation d’un sentiment fort en un autre, le passage de l’amour à la haine puis à la folie meurtrière avec une touche machiavélique. Des comédiens exceptionnels une mise en scène avec des tableaux de théâtre superbe et une pointe de folie, font passer aux spectatrices et spectateurs un moment inoubliable. Je me suis énormément amusée, ce spectacle est jouissif, hilarant, drôle et sagace. On peut rire de tout si la finesse et la profondeur sont au RDV, comme c’est le cas dans cette belle pièce à voir et revoir. Je pense sincèrement la revoir dès que possible ! 

Les comédiens nous captivent immédiatement dans un tourbillon artistique original et parfois inattendu.

Pour résumer c’est à mourir de rire et c’est sérieux, donc l’atmosphère est magique.

Je vous conseille de voir ce spectacle et de vous faire transpirer par le rythme et la joie. 

Un long, si long après-midi / Inga Vesper / Points (Sélection prix du meilleur roman)

Mon choix de lecture du week-end, cette semaine, a été le roman brillamment évocateur « The Long Long Afternoon » « Un long, si long après-midi » d’Inga Vesper, une histoire  magnifiquement conçue qui sait montrer le sens d’un temps passé avec une clarté parfaite.

La puissance de ce roman réside dans l’exploration de la place de la femme dans un monde où les attitudes sont encore influencées par le racisme et le sexisme. Tout en tissant un mystère fascinant et intrigant, il nous montre également le chemin parcouru et le chemin qu’il nous reste à parcourir. . La réalité de l’époque est présentée avec une précision extrême, donnant à toute l’histoire une nuance qui suscite la réflexion et qui vous accompagne longtemps après avoir tourné la dernière page.

Il s’agit d’un roman policier-littéraire qui implique le lecteur de la première page à la dernière et, dans les personnages de Joyce et Ruby, il montre clairement la division et la compréhension mutuelle de deux femmes très éloignées dans la structure sociale.

L’élément mystère est intelligent et imprévisible, s’inscrivant très bien dans les thèmes plus larges et dans l’ensemble, c’est un roman qui mérite un large lectorat – c’est pourquoi je le recommande vivement.

La république romaine / Isaac Asimov / les Belles Lettres

Asimov nous démontre dans ce livre que les plus imaginatives descriptions du futur se nourrissent des plus exactes études du Passé.

Son récit de la fondation de l’Empire Romain écarte toute imagination dans un travail rigoureux d’historien, dans le style fluide non dénué d’humour qu’on lui connaît.

Comment un petit village est devenu le centre d’un empire : avec ses défaites, ses victoires et ses complots, intégrant ce qu’il considérait profitable à son expansion.

Toute la culture occidentale est l’héritière de ce que fut l’Empire Romain.

Un grand merci aux « Belles Lettres » de nous offrir dans sa collection un Asimov, brisant un peu l’ukase toute française envers les écrivains de science-fiction.