Divina Mimesis Pier-Paolo Pasolini Bartillat

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Quelle belle édition qui nous est proposée par Bartillat, Divina Mimesis, est riche d’illustrations et de détails précieux.

Pasolini, convaincu, à la manière Gramscienne, que l’art et la littérature doivent représenter la vie et la manière d’expression des classes subordonnées – ainsi que leur enracinement dans les traditions rurales et religieuses, mais aussi et surtout leurs exigences de changement et de rédemption – il voyait dans l’expérimentalisme et dans les contaminations entre le langage « élevé » (celui des élites au pouvoir, des intellectuels, de la science et de la religion) et le langage « bas » (celui des classes modestes, du prolétariat et, dans une situation plus concrète de la banlieue romaine, des classes populaires), une sorte de reproposition du problème que Dante, en son temps, avait déjà affronté et résolu, de manière exemplaire, dans sa Comédie.

Dante a donc été pris comme modèle pour un engagement renouvelé des intellectuels des années 1950 à exercer une fonction de « représentation » du peuple, comme l’espérait Gramsci dans ses Cahiers de Prison.

Pasolini à également été influencé par la vision de Dante que ses études littéraires personnels et ses lectures lui ont procuré.

La Divine Mimesis est une œuvre inachevée de Pier Paolo Pasolini, publiée à titre posthume en novembre 1975. L’œuvre est une réécriture moderne de la Divine Comédie et, en particulier, du premier « cantico », re imaginé par Pasolini comme un enfer néo-capitaliste dans dont sont punis les pécheurs de son époque, comme les conformistes, les petits bien-pensants, les vulgaires et autres. Pasolini a commencé à écrire La Divina Mimesis en 1963 et y est retourné occasionnellement pour le reste de sa vie ; des notes et des pages manuscrites ont également été retrouvées dans la voiture sur les lieux du meurtre et dans les mêmes poches que le corps de l’agresseur.

Lire les fragments, de cet œuvre en Français a pour moi une grande valeur.

Chaque page parle de Rome et parle au monde.

Dans la Comédie de Pasolini l’auteur occupe à la fois le rôle de Dante et de Virgile et utilise une langue simple et puissante.

Si les fragments étaient devenus une Mimesis  de la Comédie toute entière, nous serions probablement en présence de l’un des plus importants chef-d’œuvre du 900.

Une anecdote :

Dans l’annexe aux fragments, Pasolini insère une note de l’éditeur écrite à la troisième personne par un hypothétique éditeur imaginaire qui décide de publier l’œuvre inachevée sur la base des notes et fragments laissés par l’auteur à titre posthume parce que – il est précisé –  » il est mort, tué à coups de bâton, à Palerme, l’année dernière.» prédisant presque par hasard tragique le véritable destin de Pasolini.

Pour marque-pages : Permaliens.

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