Marion Fayolle, née en mai 1988, est une dessinatrice de presse, illustratrice et autrice de bande dessinée et maintenant de son premier roman. Je soupçonne, sa prochaine présence au Book Club de France Culture.
Autrice, française, ardéchoise, c’est dans sa région natale que se trouve la ferme qui héberge ce livre.
La dure société rurale est peinte avec des traits, des mots simples. Efficaces et universels. Nous ne connaissons pas la condition des choses et des gens de la campagne; caractère et habitudes, mais la description des sentiments et des aspirations rendent la trame de l’autrice universelle.
La ferme ici, est une ferme-monde, unique lieu d’expression, d’échange, de vie des personnages.
On né, on grandit, vieillit, meurt.
Les règles de vie sont ancestrales, scandés par les couleurs des saisons et les besoins des bêtes.
Dans la ferme chacun a son rôle, les tâches répétitives et aliénantes sont les mêmes. Les moments privilégiés avec la nature aident à tenir la route.
La vie est dure et certains perdent la notion de la réalité, comme un oncle, qui a une place à part. On le garde tout près pourtant. C’est la famille qui se charge de tout.
Les jeunes actifs sont dans la partie gauche du corps de la ferme, les autres à droite, séparés, abandonnés, sans l’être complètement.
La naissance, la vie et la mort sont traitées avec honnêteté, brutalité parfois mais toujours avec poésie.
Les mots deviennent ceux du mode de vie de cette longue ferme isolée qui ne sait pas se renouveler. Qui ne peut pas changer de modèle.
J’ai réussi au fil des pages à situer l’époque, avec les indices, enseignement des langues, téléphone portable …
Nous suivons principalement les plates aventures de la « Gamine » personnage qui ne tient pas en place. Dans la ferme il faut être des bêtes obéissantes, ne pas vouloir sortir de la clôture.
Les rêves qui éloignent de la ferme ne sont pas possibles et ne seraient pas les bienvenus.
Nous vivons pour la ferme, nous mourrons pour la ferme, pourrait être le résumé de la mentalité ambiante.
Ici pas de télé, il y a le poste, la radio pour égayer le rythme pesant des tâches journaliers.
Cependant, les nouveaux « petitout », petit nom donné aux enfants, cherchent peut-être autre chose.
Je vous laisse le découvrir dans ce beau roman qui est une illustration du monde rurale.
L’autrice nous dit bien que les plus vieux acceptent leur condition, tandis que les plus jeunes la contestent. Mais tous deux sont écrasés, tout comme les passions des femmes sont sacrifiées. À travers ce témoignage implacable, elle souhaite parler de ceux que l’histoire laisse de côté, ceux qui ne s’adaptent pas aux temps nouveaux et qui sont irrémédiablement rattrapés par des nouveaux besoins.
Marion Fayolle, écrit avec une sorte de naturalisme moderne, je trouve l’écho de la poétique de Giovanni Verga. du courant Vériste.
J’ai beaucoup aimé se livre qui se lit sereinement et agréablement.