Mot de l’editeur :
Un premier roman percutant qui nous plonge au coeur de la Sacra Corona Unità, organisation mafieuse des Pouilles, dans les pas de son chef, Domenico Trevi (dit Mimi), fou de de douleur à la suite du suicide de son fils de 15 ans. Obéissant à sa logique et à ses instincts habituels, il va chercher à se venger quand bien même il n’existe aucune Andrea Donaera développe une narration extrêmement efficace. Alternant les points de vue, il nous plonge ainsi au plus près des sentiments des personnages et parvient à créer une tension croissante, jusqu’à l’étonnant dénouement. Un texte puissant qui interroge le recours et le rapport à la violence ainsi que la part animale qui sommeille en chacun de nous.
Biographie de l’auteur :
Andrea Donaera est né à Maglie, dans les Pouilles, en 1989. Il a grandi à Gallipoli et vit désormais à Bologne. Il a étudié les sciences de la communication à l’université de Salento où il a été l’un des fondateurs du centre de recherche du PEN sur la poésie contemporaine et les nouvelles formes d’écriture. Depuis 2017, il est le directeur artistique du festival littéraire Poié à Gallipoli.
En 2019, il a publié un recueil de poésie intitulé Una Madonna che mai appare au sein d’un ouvrage collectif de poésie contemporaine. Je suis la bête traduit par Lise Caillat est son premier roman.
Notre avis :
Andrea Donaera réussit la tâche très difficile de porter un regard introspectif sur la réalité des organisations criminelles.
On pense inévitablement à Roberto Salviano.
Il y a une magie qui se crée avec les mots. Parfois, cette magie est brillante, drôle, joyeuse, incroyable parce qu’elle nous fait rire, rêver, même vouloir faire partie de ce monde raconté.
Et puis il y a une sorte de magie noire, sombre, froide et inhospitalière, viscérale et osseuse, pleine d’ombres. C’est la magie qui raconte de mauvaises choses, de celles qu’il faut tout de même connaître Une fiction qui pourrait bien décrire des faits réels.
Rythme rapide, structure multi-voix et langage qui puise quelques mots dans le Salento (traduction de l’italien par Lise Caillat) sont les principales caractéristiques de ce roman impitoyable.
Mimì, patron de la Sacra Corona Unita, est frappé par le suicide de son fils adolescent. La douleur l’anéantit, comme il est naturel. En lui, cependant, elle se canalise dans un terrible désir de vengeance. La violence, qui caractérise sa vie depuis son enfance, déborde et envahit les pages. Il détruit aussi définitivement cette lueur d’humanité que son père n’avait pas su éliminer.
À partir de là, tandis que les voix des autres personnages s’alternent pour donner corps à l’histoire, le délire de Mimì devient hurlant, grognant,
il a l’attitude d’une bête blessée. Sans pitié. «Basta» est le mot qui résume ce qu’il ressent, il a le désir de tout plonger dans un abîme total et absolu pour oublier la tache laissée par le corps inanimé de son enfant.
Atroce, cruelle et impitoyable, l’histoire évolue vers une fin sanglante, dont même les survivants sortiront anéantis
Je suis la bête est un récit sur le mal que chacun de nous peut incarner; ce mal créateur de monstres, de survivants, de victimes, de bourreaux, une affliction capable de nous faire sentir puissants ou fragiles.
Un roman beau et terrible.
Une lecture que je vous conseille.
Sortie le 2 septembre 2020
❤️❤️❤️❤️❤️(❤️)
Cambourakis