
Dans « Les Saules », Mathilde Beaussault nous plonge au cœur d’un paysage sombre et énigmatique, où la frontière entre réalité et imaginaire s’effrite lentement sous le poids des silences ciselés par des années de non-dits et de regards détournés. Dès les premières pages, nous voilà envoûtés par une prose à la fois crue et poétique qui explore la fragilité des relations humaines.
L’histoire s’articule autour de Marguerite, une enfant que tout le monde sous-estime, au point de la croire simple d’esprit, alors qu’elle cache un monde intérieur d’une richesse insoupçonnée. Le meurtre brutal de Marie, adolescente aussi mystérieuse qu’attendrissante, révèle des fissures profondes dans la communauté et pose les fondations d’un drame puissant et captivant. L’autrice maîtrise l’art de suggérer plus que de dire, laissant le non-dit tisser sa toile au même titre que les saules pleureurs enveloppent de leur ombre protectrice le cours de la rivière.

Dans « Les Saules », le choix de l’arbre éponyme n’est pas anodin et semble symboliser le chagrin et la mélancolie, offrant un refuge à Marguerite. Ces arbres, avec leurs branches tombantes, incarnent l’isolement tout en protégeant, témoignant des drames cachés de la communauté. Leur présence illustre la dualité entre douleur et espoir.
À travers un récit tout aussi poignant qu’implacable, l’autrice dépeint avec finesse les tensions rurales et les rivalités qui empoisonnent tant de vies au quotidien. Elle éclaire ces relations nouées de rancœurs anciennes et d’un amour parfois brutal, tout en donnant voix à des personnages émouvants, souvent meurtris mais jamais résignés.
Une première œuvre saisissante qui révèle un talent brut, à découvrir absolument pour sa capacité à interroger et toucher au-delà des apparences.
L’autrice est l’une des invités de La Grande Librairie Vagabonde le 30 mai 2025.