L’hospitalité au démon, publié par les éditions Verticales, dans cette rentrée hivernale 2025, est une œuvre intrépide de Constantin Alexandrakis qui ne craint pas d’affronter un sujet si épineux et intime.
La préface de Neige Sinno donne le ton et ouvre la porte à la réflexion : il s’agit de naviguer dans des eaux tumultueuses où la lumière fait défaut, même dans la littérature.
Le protagoniste, surnommé « le Père », revisite les souffrances d’un passé marqué par les attouchements, alors qu’il est confronté à de nouvelles responsabilités parentales. Ce retour vers le passé n’est pas simplement un acte de mémoire, mais un véritable projet de cartographie sociale et littéraire. Le langage est cru, direct, comme le sont les pensées, les interrogations, les peurs et les relations interpersonnelles du « Père ».
Dans un cadre esthétique oscillant entre l’onirique et le désespoir, Alexandrakis dépeint un Danemark imaginaire peuplé de références mythologiques, qui devient le théâtre d’une introspection profonde. Il y examine les « abus de position dominante », révélant les nuances d’un ressenti masculin, souvent relégué au second plan dans les discussions sur les violences sexuelles. Cette dimension du livre invite à une réflexion sur l’identité masculine, la culpabilité et la résilience. On y parle du corps et de l’esprit avec un choix lexical audacieux qui fait naître un sourire très souvent pendant la lecture du livre.
L’œuvre de Constantin Alexandrakis est une contribution indispensable à la discussion sur les dynamiques de pouvoir et de traumatisme. L’hospitalité au démon offre un regard singulier et nécessaire que j’ai trouvé par moments oppressant lorsque l’auteur déverse ses listes d’intellectuels complices silencieux, que ce soit ceux du passé, dans l’analyse de Nabokov ou la législation. Je n’apprends rien, mais le style de ce livre a cet effet sur moi, ce qui le rend encore plus nécessaire.
Ce soir, Constantin Alexandrakis sera reçu par Augustin Trapenard à La Grande Librairie sur France 5 ce 8/1/2025 à 21h05 — J’ai hâte d’écouter Constantin Alexandrakis parler de son œuvre complexe et saisissante.