Mot de l’éditeur :
Aster est une jeune femme que son caractère bien trempé expose à l’hostilité des autres. Son monde est dur et cruel. Pourtant, elle se bat, existe, et aide autant qu’elle le peut, avec son intelligence peu commune, ceux et celles qu’elle peut aider. Mais un jour, un type la prend en grippe. Et Aster comprend qu’elle ne peut plus raser les murs, et qu’il lui faut se tenir grande. Sa rébellion est d’autant plus spectaculaire qu’elle est noire, dans un vaisseau spatial qui emmène les derniers survivants de l’humanité vers un éventuel Eden, un vaisseau où les riches blancs ont réduit en esclavage les personnes de couleur. Un premier roman qui prend pour prétexte la science-fiction pour inventer un microcosme de l’Amérique, et de tous les maux qui la hantent, tels des fantômes.
Biographie de l’auteur :
Rivers Solomon est une personne transgenre, née aux Etats-Unis, qui vit désormais en Grande-Bretagne. L’incivilité des fantômes est son premier roman.
Notre avis :
Marquant et magnifique. L’histoire du microcosme d’un vaisseau, l’histoire sans fin de la discrimination.
Quelques part dans le futur, les rescapés de l’humanité ont entrepris un voyage vers un autre système stellaire à la recherche d’une planète à habiter.
Le Matilda navigue dans les étoiles depuis fort longtemps. Chacun de ses ponts abrite une couche sociale différente.
Les ponts supérieurs hébergent le souverain et ses gardes cruels et brutaux, ainsi que les différents privilégiés, l’élite.
La mentalité est terriblement patriarcale, rigide, homophobe, raciste, misogyne.
Les ponts inférieurs sont habités par des véritables esclaves qui doivent constamment céder aux caprices du souverain et de ses gardes; l’agression, le viol, les insultes verbales et l’emprisonnement sont monnaie courante.
Les niveaux sont désignés par ordre alphabétique, plus vous êtes proche de la fin de l’alphabet, plus votre statut est bas. Les ponts inférieurs nous présentent un ensemble extrêmement diversifié de personnages de différents genres, états mentaux et orientations sexuelles. C’est là que vivent les personnages principaux.
Aster, la protagoniste est brillante et courageuse, se bat et se donne les moyens pour survivre, elle explore aussi le carnet de sa défunte mère qui lui fera découvrir une vérité dérangeante, peut-être la clef pour comprendre comment sauver la population. Les relations avec ses compagnons d’aventure : Giselle, Theo, et Mélusine, sont très bien développées dans un univers parfaitement cohérent.
Il y a de l’humour dans ce récit, malgré la situation sombre et de plus en plus tendue.
L’écriture de Rivers Solomon est fluide et nuancée, l’histoire est racontée du point de vue d’Aster, mais nous avons également les perspectives de Giselle, Theo et Mélusine qui enrichissent l’œuvre.
Un texte engagé qui nous parle du haut des étoiles des bas instincts de l’homme, des discriminations petites et grandes que nous ne devons jamais voir comme banales.
Rivers Solomon raconte avoir choisi le nom du vaisseau en référence au Clotilda, qui fut le dernier bateau d’esclaves arrivé en Alabama.
La couverture d’Elena Vieillard est une parfaite illustration du livre.
Un premier roman original et remarquable je le recommande.
❤️❤️❤️❤️❤️(❤️)
Aux forges de Vulcain