Mot de l’éditeur :
Loin d’être un simple produit de divertissement, le genre super-héroïque a été pensé dès son origine comme un outil politique par des auteurs issus de milieux modestes. Captain America a ainsi été créé par deux auteurs juifs pour corriger Hitler dans des comics avant même que les États-Unis n’entrent en guerre alors que Wonder Woman a été pensée pour promouvoir l’émancipation des femmes.
Cinéma, séries télévisées, romans, jeux… les super-héros, nés il y a quatre-vingts ans avec l’apparition de Superman, ont envahi la culture populaire planétaire.
D’autres super-héros ont rapidement eu pour fonction de faire croire à l’existence d’un futur radieux à portée de mains dans lequel le modèle démocratique se répandrait sur l’ensemble du globe pour triompher des tyrannies « féodales » totalitaires. Plus tard, de nouveaux personnages plus troubles ont symbolisé une Amérique en plein doute, frappée de plein fouet par la crise pétrolière et la défaite au Vietnam, puis le 11 septembre 2001.
Évoquant tour à tour Superman, Batman, Wonder Woman, Captain America, Namor, l’Escadron suprême, Black Panther, Luke Cage, Green Arrow, Red Sonja, Howard the Duck, Punisher, Iron Man, les super LGBT et Wolverine, cet ouvrage se propose d’explorer les discours politiques qui se cachent derrière le masque des surhumains.
L’AUTEUR
William Blanc est un historien médiévaliste spécialiste des cultures populaires. Il a notamment écrit Le Roi Arthur. Un mythe contemporain (Libertalia 2016) et coécrit Les Historiens de garde. De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national, avec Aurore Chéry et Christophe Naudin (Inculte 2013, Libertalia 2016), Charles Martel et la bataille de Poitiers. De l’histoire au mythe identitaire avec Christophe Naudin (Libertalia, 2015).
Notre avis:
La mort récente de Stan Lee a fait, pendant quelques jours, sortir les super-héros des librairies, des télés et des cinémas pour être de toutes les conversations, de toutes les informations sur toute la planète ! Un géant nous avait quitté, laissant un univers complet ayant sa cohérence propre en héritage.
L’étude de William Blanc sur le contenu politique des comics démontre non seulement qu’ils sont un art à part entière mais que l’aspect idéologique des personnages n’était pas fortuit.
Que ce soit Superman, Batman, Wonder-Woman – les connaisseurs savent qu’ils sont DC et non Marvel – ou Captain America, Namor, Black-Panther et même Howard the Duck, découvrir les genèses idéologiques des super-héros permet de comprendre l’engouement pour les films Marvel, DC et autres.
Alors que l’ère des grands intellectuels disparaît, on pourrait penser que les grandes idéologies sont maintenant portées sinon incarnées par de nouvelles idoles.
Dans les manifestations on peut croiser des jeunes ayant l’un le Ché, l’autre T’challa (Black-Panther), dans les maisons: de nouveaux autels aux dieux Lares apparaissent avec les figurines de plombs d’Iron-Man, de Batman, et de tant d’autres.
Ce livre permet d’en comprendre les tenants idéologiques et j’en imposerai la lecture à tous ceux qui s’interrogent en apprenant ma passion des comics.
Sérieux, aussi fouillé que documenté, cette étude doit être une étape obligatoire pour aborder les comics en adulte.
Personnellement, voir cité Umberto Eco et Antonio Gramsci dans la même phrase vaut « imprimatur » et m’a fait plus que sourire.
❤️❤️❤️❤️❤️
Libertalia