Marie Charrel brillante journaliste et auteure talentueuse nous a déjà conquis avec ses précédents livres.
Personnellement j’apprécie cette écrivaine pour sa plume mais aussi pour sa personnalité et ses convictions.
Ce nouveau roman était pour moi attendu.
« Une nuit avec Jean Seberg » va au-delà de toutes mes attentes, c’est une perle rare.
Une fiction certes mais tellement bien documentée et captivante que la plongée dans l’histoire est totale, impossible d’en émerger.
Elisabeth et les quatre générations de sa famille sont le portrait d’un siècle, le portrait « des possibles ».
Marie Charrel nous fait voyager dans le temps, les époques changent mais le lecteur n’est jamais perdu, tout a un sens, tout se tient.
Lisa est métisse: son arbre généalogique inclus des origines algériennes par sa mère et afro-américaines par son père.
Après les bouleversants événements du 8 février 1962 à Paris et la mort de son jeune ami Daniel ( Inspiré par Daniel Fay militant communiste mort à 16 ans lors de la dramatique manifestation qui est décrite dans le livre ) une rage immense commence a envahir la jeune fille.
J’ai pensé en lisant cette partie du livre à la chanson italienne de Francesco Guccini La locomotive : « …peut être une rage ancienne, générations sans nom qui crièrent vengeance et lui aveuglèrent le cœur, il oublia la bonté et égara sa pitié … ».
Notre Elisabeth vivra dans cet ouvrage beaucoup d’épreuves dans ses années de jeunesse quand la force de l’âge se confond avec les certitudes et sera troublée et changée par sa rencontre avec Jean Seberg en 1970.
Un corps plus fragile mais toujours une force d’esprit hors du commun, elle est prête, quand son petit-fils Alexandre disparaît, à replonger dans le passé pour réparer le présent.
Elle s’éveille comme Paris ( magistrale description du Paris nocturne et matinal page 108 du livre qui fait écho à la chanson « Paris s’éveille » de Jacques Dutronc ).
J’ai eu, jeune étudiante, la chance de rencontrer Ethel Kennedy, femme de Bob Kennedy qui venait parler d’une biographie dédié à RFK « Le rêve brisé ». Elle nous a expliqué que très souvent images du passé et événements du présent lui semblaient se superposer tout comme pour Elisabeth qui rue Charonne ne peut que se revoir à 15 ans lors de sa première participation à une manifestation. Ethel a continué le combat de Robert contre la peine de mort et soutenu Barack Obama.
Paul Beatty auteur afro-américain vainqueur du Man Booker Prize en 2016 écrit dans Moi contre les États-Unis d’Amérique : « C’est le problème avec l’histoire, on se plaît à penser que c’est un livre – qu’on peut tourner cette page qui nous hante et passer à autre chose. Mais l’histoire n’est pas le papier sur lesquel on l’imprime. L’histoire c’est la mémoire, le temps, les émotions, une chanson. L’histoire c’est ce qui te colle à la peau ».
Son amie Jean, la confidente de quelques nuits, colle à la peau d’Elisabeth et l’accompagnera tendrement tout au long de sa vie.
J. est engagée politiquement mais sa fragilité la conduira dans une inexorable descente aux enfers.
Romain Gary le plus connus de ses époux et figure essentielle dans sa vie ne la sauvera pas, beaucoup profiterons de la belle actrice.
L’humanité qui vit toujours dans la peur de l’autre dans la crainte de la différence est aussi un fil conducteur de ce récit : éradiquer la bêtise n’est pas chose simple.
Le final que la plume de Marie Charrel nous offre est sublime mais évidemment je vous laisse le découvrir.
Une note de l’auteure nous propose des idées d’approfondissement sur les sujets traités et cela peut être un moyen d’aller plus loin avec, comme le ferait Elisabeth, une pensée pour J.
« Une nuit avec Jean Seberg » sortira le 20 septembre et je vous le conseille vivement, c’est un énorme coup de cœur.
Les madeleines après cette lecture ne vous feront plus penser uniquement à Proust.
❤️❤️❤️❤️❤️(❤️)
Fleuve
Merci à Marie Charrel pour cette belle dédicace et à l’éditeur Fleuve pour ce livre incroyable.
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