Un premier livre de Michèle Aubrière qu’elle utilise pour écrire un message de façon digne, sensible et forte.
L’histoire d’une famille, une histoire de famille pour parler d’inceste.
La protagoniste est Camille elle habite Paris, près de la Salpêtriere, dans les années 50.
Une famille aimante et stable qui vit le drame de la perte d’un enfant. La Leucémie a emporté la jeune vie du frère ainé.
Malheureusement ne pas accepter et voiler en partie un drame ne le fait pas disparaître, cela l’amplifie, le déforme et le rend obsessionnel. La mère de Camille n’ose pas dire à sa fille que son frère est mort et elle dissimule le fait. Sa mère sans échappatoire possible se réfugie dans un dépression assommante.
Le silence ouaté et la vie anesthésiée de la famille se réveillent suite à l’arrivée d’un cousin qui vient de la campagne.
Il a la fonction de remplir le vide et tout le monde se montre affable et prêt à lui montrer « la Ville ».
Camille est très contente de son nouveau compagnon de route.
Sa famille introduit l’agresseur, l’oppresseur, l’être amical qui devient épouvantable.
Le décor est placé, la personnalité des unes et des autres esquissée par l’autrice. De la suite je ne ferai aucun résumé, juste mon opinion. Parler de viol , d’emprise et de maltraitances physiques et psychologiques est encore aujourd’hui difficile mais l’Inceste est carrément tabou, car les actions de l’agresseur entrent dans l’intimité des liens familiaux, de la confiance aveugle et trop souvent de vies brisées pour toujours.
Trop dur d’en parler, toute la famille est jugée donc le silence reste une option.
Le silence n’est pas un option pour oublier ni pour guérir et le linge sale de la maison reste taché.
L’autrice, qui a choisi la forme du roman pour donner la voix de Camille à des souvenirs, nous fait comprendre la subreptice brutalité qui se cache parfois, derrière un visage amicale.
J’ai voulu lire ce livre qui tout simplement, jamais banalement, raconte l’histoire et les conséquences d’un inceste.
L’autrice est une excellente écrivaine et on soupçonne, un long travail d’analyste pour avoir acquis une telle capacité de raconter l’indescriptible, sans détours.
À lire absolument, une histoire dévoilée avec des mots sensibles et appropriés pour un très très beau roman.
À ne pas manquer aussi pour apprendre à lutter contre le silence et l’indifférence.