Le mage du Kremlin offre une fascinante description romancée de l’ancien spin-doctor de Putin.
Une histoire librement inspirée certes, mais le brillant Giuliano da Empoli a la précieuse capacité de décrire un univers fictif tellement réaliste que l’immersion de la lectrice ou du lecteur est totale.
Une analyse géopolitique qui perse les murs du Kremlin.
Vadim Baranov, personnage principal de l’échiquier du roman, est cynique et ses références à Ivan le Terrible, ancêtre et inspirateur du peuple russe, ne sont pas là pour nous rassurer sur la vraie situation dans l’ex Empire Soviétique.
Le roman, qui a été publié en français en avril et en italien fin juin, est une lecture essentielle pour quiconque se demande ce que fait le président russe Vladimir Poutine et ce que le peuple russe a dû traverser pendant ses mandats transformés en règne.
Giuliano da Empoli est un politologue italo-suisse qui enseigne à Sciences Po Paris, anciennement adjoint à la culture de la ville de Florence et lui même spin-docteur en Italie.
L’auteur rend le possible réel, comme un mage le fait, ou au moins très très proche de la réalité, tel qu’un bon romancier sait le faire.
La majeure partie du livre, est un monologue de Baranov, qui s’inspire de Vladislav Sourkov, le spin doctor de longue date de Poutin Sourkov, qui a été un proche conseiller de Poutin pendant près de deux décennies, est l’un des conseillers qui semble être tombé en disgrâce.
Fiction ou pas, ce livre puissant, écrit avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine, explique très clairement ce que recherche Poutin: il tente d’établir un règne d’absolutisme et de terreur sur les ruines, grâce au chaos qu’il a créé.
Cette lecture propose un aperçu de quelque chose que les Européens connaissent encore peu : les arcanes du Kremlin et les motivations politiques à long terme de la Russie pur la région et le reste du monde. C’est un roman sombre car tout peut être réel ou peut être que tout est réel.
J’ai écouté récemment une émission radiophonique sur France Culture qui avait invité Giuliano da Empoli et une énorme quantité de souvenirs m’a rendu visite.
J’ai rencontré, connu, l’auteur de ce livre, à mon avis incontournable, quand j’avais 16 ans et lui à peine plus. À Rome, tous les deux engagés dans un mouvement qui est comparable au MJS. Il était déjà brillant et capable de cette faculté d’analyse qui lui a permis aujourd’hui d’écrire cet ouvrage.
J’ai après si tant d’années repris contact et sa réponse confirme mon excellente opinion de l’homme et de l’écrivain.
Je dis Ecrivain pas politologue, professeur, élu ou spin doctor, car Le mage du Kremlin a une qualité d’écriture qui aurait certainement plu à Roman Gary, comme elle a plus à l’Academie Française qui lui a décerné son Prix.
Un Écrivain talentueux est né.
Je vous conseille, et je vous le dis! c’est obligatoire de lire Le mage du Kremlin !
Gallimard