Date de parution 08/03/2019
Mot de l’éditeur :
L’Odeur de chlore, c’est la réponse de l’usager au programme « Modulor » de l’architecte Le Corbusier. C’est la chronique d’un corps qui fait ses longueurs dans la piscine du Corbusier à Firminy. Le lieu est traité comme contrainte d’écriture qui, passage de bras après passage de bras, guide la remémoration. Dans ces allers-retours, propres à l’entraînement, soudain ce qui était vraiment à raconter revient : le souvenir enfoui offre brutalement son effarante profondeur.
Quelque chose de très contemporain cherche à se formuler ici : comment dit-on « l’usager » au féminin ? Comment calcule-t-on la stature de la femme du Modulor ?
Lorsque le corps idéal est conçu comme le lieu du standard, comment s’approprier son propre corps ? Comment faire naître sa voix ? Comment dégager son récit du grand récit de l’architecte ?
J’ai cherché à traduire la langue du corps, une langue qui est toute eau et rythme. Délaissant la fiction, j’ai laissé le réel me submerger. À la « machine à habiter », je réponds avec du corps, de la chair, jusqu’à rendre visible l’invisible, jusqu’à donner une place à l’inaudible.
Si tu savais comme je suis bien.
Biographie de l’auteur :
Irma Pelatan est née quelque part sur le calcaire pelé du Causse Méjean, vers 1875. C’est cependant sous l’exact soleil de Tunisie qu’elle est morte, en 1957. Sur la carte entre les pointes du compas, s’ouvre tout l’espace de la Méditerranée, ce centre flottant – infini terrain de jeu pour sa soif d’ailleurs, pour ce fol esprit aventureux.
Irma Pelatan a pris corps à nouveau – mon corps – le neuf mars 2017, dans la chambre douze de l’hôpital de Vienne. Depuis, elle conquiert du terrain.
Notre avis :
Livre éclairé et sagace, l’auteure va nous décrire la vie de cette piscine où elle est « chez elle ». On trouve les habillés et les déshabillés, les baigneurs et les nageurs, dont elle fait partie, qui ne portent pas de bracelet en plastique qui font partie des piliers du centre de natation.
Un texte épatant sur le corps des femmes, sur ce qui enferme et ce qui libère. L’odeur du chlore envahit le lecteur. Les lignes de la piscine de Firminy se mêlent aux sillons qui tracent les vies des nageuses et des nageurs, de leurs évolutions. Le Corbusier était fort en avance sur son temps et a conçu des bâtiments et lieux de vie qui prenaient en compte tant les habitants ou les usagers que l’environnement. Le bassin de Firminy était prévu par Le Corbusier en 1958 dans le plan globale avec l’unité d’habitation, la maison de la culture, le stade et l’église mais, suite au décès de l’architecte, elle est construite par André Wogesncky.
La piscine en béton est là, statique et proportionnée, bâtie selon les règles du Modulor, mais la morphologie change, l’anatomie de la narratrice se modifie, n’est pas, n’est plus aux normes.
J’aime beaucoup la façon dont ce texte est façonné, sculpté.
« Ce récit enfin cette chronique » pour citer l’auteure est un bel exercice d’écriture avec des chapitres courts, rythmés et ciselés.
Un conte sur les courbes et sur les lignes dans tous les sens ! une histoire plaisante et délicate.
Un livre à conseiller.
❤️❤️❤️❤️❤️
Éditions La Contre Allée
Belle découverte d’une maison d’édition que je ne connaissais pas :