Le titre, lieu du commencement du roman, est le nom donné par les habitants de Boston à une clinique, principalement d’analyses et de dépistages de tout ce qui peut l’être, comme par exemple une grossesse malvenue.
Situé donc à Boston à l’hiver et au printemps 2015, « Mercy Street » offre un portrait complexe des nombreuses façons dont une femme prend la décision de poursuivre ou d’interrompre sa grossesse, tout en saisissant parfaitement le tumulte politique et culturel plus large qui a précédé l’élection présidentielle de 2016 et sa campagne électorale. Pour ce faire, Mme Haigh relate des événements cruciaux dans la vie de personnes des deux côtés de la question « avortement ». Il s’agit d’un roman qui semble créé avec une grande finesse.
Les quatre personnages principaux ne sont pas des dirigeants nationaux ni même des personnes qui détiennent une fraction de ce pouvoir. Juste des acteurs de la vie quotidienne.
Des manifestants, des bénévoles, des femmes et des professionnels de santé.
Claudia travaille à Mercy Street, où elle gère la hotline. À 43 ans, Claudia est plus heureuse dans les relations avec des hommes qui veulent autant d’espace qu’elle. Élevée dans une ville difficile du Maine par une mère célibataire (comme « beaucoup de gens pauvres, elle avait été élevée par une adolescente »), elle voit souvent sa mère parmi les clients plus jeunes, les filles enceintes « à moitié instruites, sans ressources ».
Anthony et Victor sont des fantassins maladroits et menaçants en marge du mouvement anti-avortement. Timmy est un dealer d’herbe dont la vie se croise avec celle des autres de manière de plus en plus surprenante. Dans « Mercy Street » l’autrice a créé un monde qui tourne autour d’un axe d’événements aléatoires mais néanmoins conséquents, un roman de petits moments qui ne semblent significatifs que plus tard, au fil des pages.
Claudia dessine un portrait sans pitié de la société américaine qui abandonne ses pauvres, même les blancs.
Claudia et une belle héroïne militante et à conscience de l’ignorance et de la misère que ce monde ne s’efforce même pas d’atténuer.
Ce Totem est un coup de cœur pour moi bien écrit et captivant je le conseille à toutes et tous