Cher Bookclub de France Culture, je te remercie d’ouvrir le bal littéraire de la rentrée avec le dernier livre de Chloé Delaume chez Seuil
L’autrice est pour moi une décharge électrique qui réveille l’esprit, des mots puissants pour des histoires qui nous racontent la vie.
Elle ne s’offusquera pas, j’espère que je la définisse mon écrivaine aux sortilèges qui frappent fort et avec élégance.
Nous avons besoin de mots nouveaux pour définir nos maux, et remplir les mosaïques de la mémoire de l’apprivoiser de la tutoyer et finalement l’accepter.
Chloé Delaume sait trouver les paroles justes.
Clotilde, là protagoniste est un être sensible loin de l’anhédonie qu’elle craint ou désire ?
Enfance traumatisante, des choix de liberté et un talent dans l’écriture, dans le pouvoir d’évasion.
Son histoire est celle de ma génération aussi, Clotilde est un peu plus âgée que moi mais même combat et échec, souvenir d’un monde disparu, où le possible paressait encore réalisable, où nous n’avons pas plié le réel et où nous nous y sommes finalement pliées.
Ah ! la solitude et l’autosuffisance ou l’amour et la passion. Spleen ou idéal ?
Clotilde s’interroge, nous ouvre son cerveau, partage ses pulsions exacerbées.
Un texte magnétique, impossible de décoller le nez. On lit une page et on guette la suivante.
Les souvenirs et le présent s’entrelacent et esquissent le tableau complexe de la vie de Clotilde. Un voyage en train doit servir à remettre en place l’ADN de ses choix. La destination est l’Heidelberg de Goethe, le but coller les morceaux d’une existence, de celle qui n’est plus une belle et étrange histoire avec un final incertain, mais celle de l’emprise subtile et invisible. D’ailleurs le plus grand problème avec l’emprise est d’en accepter l’existence. Il n’y a pas de vaccin contre la manipulation.
Le train, pour moi aussi a servi de transport de ma mémoire, c’est le moyen que mon coma et mon cerveau ou repos ont choisi pour me faire parcourir mon histoire de vie et faire surgir les souvenirs, un peu comme dans Harry Potter, abandonnés dans un lieu de stockage hors de notre volonté.
Un roman d’exception, la fin d’une histoire à l’époque de la fin du monde.
Le VITRIOL qui mène à l’acceptation, à la résurrection.
Le réel est un cas particulier du possible merci Chloé pour ton texte. Beau.
Je pourrais vous parler encore et encore des facettes de ce livre, de la Villa Médicis à Rome, des troubles différents et variés, mais tout ça est à lire au fil des pages de l’histoire de Clotilde.