On vous parle ici (au pluriel) du Goncourt 2023 !
Une relecture pour moi, une écoute pour mon ami Nicolas non voyant .
Ça n’arrive pas souvent, mais nous aimons lire et écouter le même livre.
La bibliothèque Éole, création et mise à disposition par l’association Valentin Haüy, qui fait un formidable travail !
Éole est une bibliothèque de livres adaptés pour les personnes pour qui la lecture est difficile du fait de leur handicap : déficience visuelle mais aussi d’autres types de Handicap.
Mon ami Nicolas est abonné et, belle surprise les dernières prix littéraires sont proposés en version audio.
Des milliers de magnifiques autres ouvrages y sont aussi mais pour une personne avec un handicap qui l’éloigne des activités sociales quotidiennes pouvoir parler du dernier Goncourt est une réinsertion dans le présent, vraiment positive.
Place au livre :
Les 600 pages filent vite en les écoutant et Nicolas a avancé plus vite que moi dans ma relecture.
Lors de nos appels il ne manque pas de me dire où il en est, Nicolas me demande des précisions sur le titre « elle ou ailes » ? Et oui il ne peut pas le lire sur la belle couverture des éditions L’Iconoclaste et Viola, la protagoniste féminine, veut voler.
Nous parlons tous les deux de « lecture » malgré les formats différents.
Une vie, deux histoires et une société incapable d’accepter la différence, les différences vont s’ouvrir petit à petit à nos yeux et oreilles.
Nous trouvons que les descriptions du climat pre et post fascisme sont exceptionnelles et riches de détails.
Les personnages se rencontrent malgré leurs histoires si différentes ! Une Orsini et un tailleur de pierre atteint de Nanisme.
Le lien de ces deux êtres, est une force vitale qui mène à un indomptable désir de liberté.
Les personnages de Mimo et de Viola sont attachants dans leur lien qui malgré les difficultés, restera. Viola apporte à Mimo des connaissances, artistiques et littéraires auxquelles il n’aurait pu avoir accès dans son milieu d’origine.
Les descriptions minutieuses intriguent Nicolas et ma relecture me fait mieux cerner le subtil mélange de l’histoire des hommes et de celle de l’art italienne.
Nicolas découvre « cette incroyable épopée à travers le 20ème siècle italien, condensée sagement dans l’histoire de la vie d’un moine, au terme de sa vie en 1986. »
Mimo qui depuis le monastère piémontaise où il est enfermé, conte sa vie et veille sur le mystère de son Chef d’œuvre : une Pietà trop belle et cachée.
Un secret que nous n’avons pas voulu dévoiler mais qui nous aide à préciser que le titre dit bien elle et pas ailes.
Nous avons tous les deux un jugement très positif sur ce roman. Nicolas est ravi de découvrir ce prix Goncourt qu’il déclare « accessible » dans tous les sens.
Ce livre est une invitation à sentir et ressentir.
Jean-Baptiste Andrea nous propose des personnages qui ont bien compris que « Toute frontière est une invention. » en avance sur leur siècle et hélas sur le nôtre.